Le savant, le sorcier et l'artiste. Le constructivisme en question

Le terme « constructivisme », fréquemment utilisé pour désigner une nouvelle façon de faire des sciences, qui s'opposerait au modèle « positiviste », est le signe le plus visible, aujourd'hui, d'un débat sur la nature même des procédures de construction des connaissances sur l'homme et la société. S'il est clair qu'il s'oppose à une conception naïve et brute d'un savoir simplement prélevé dans le réel, le constructivisme va-t-il au-delà de ce geste négatif ? Pour répondre à une telle question, il faut sans doute avant tout ne pas prendre pour argent comptant le fait qu'il existerait une épisté- mologie constructiviste. C'est pourquoi, plutôt que de discuter la nature du geste de rupture instauré par l'annonce constructiviste, Yves Chevalier interroge le mode de légitimation et de propagation de la référence constructiviste, une sorte de nouvelle « vulgate », solution omnibus aux difficultés du travail de connaissance. Il suggère qu'aujourd'hui, le constructivisme est moins une théorie originale qu'un « corps citationnel » figé et opaque.Chevalier Yves. Le savant, le sorcier et l'artiste. Le constructivisme en question. In: Communication et langages, n°139, 1er trimestre 2004. Dossier : Le «constructivisme», une nouvelle vulgate pour la communication ? pp. 5-15