L'encyclopédie, des Lumières au numérique: migration d'une utopie

Bibliothèque supposée universelle, collection de tous les savoirs du monde à la portée de tous les yeux, Internet a été souvent présenté par les publicistes et parfois par les penseurs comme la forme actuelle de l'encyclopédie. Brigitte Juanals, qui a soutenu récemment une thèse sur l'évolution de l'accès à l'information du livre au numérique et des systèmes de représentation des connaissances, reprend ici la question documents en main. Elle met en évidence un certain type d'imaginaire de la totalité qui porte le projet encyclopédiste, confirmant la force actuelle d'un tel imaginaire; mais, reprenant le cours de projets que distinguent profondément leur esprit et leur contexte historique, elle montre comment le désir d'encyclopédie s'est d'abord profondément transformé, avant de se renverser en quelque sorte: marchandisation des savoirs, recherche d'une posture de différenciation individuelle, abandon du type de travail interprétatif qui avait fait le tour de l'entreprise philosophique. En contrepoint de cette analyse, on peut rappeler l'article de Bernard Lecher- bonnier, « Encyclopédie et société : de Bayle aux CD-Rom et DVD», Communication & langages, n° 118.Juanals Brigitte. L'encyclopédie, des Lumières au numérique: migration d'une utopie. In: Communication et langages, n°131, 1er trimestre 2002. Dossier : Nouveaux théâtres de la mémoire. pp. 53-65