Le livre en Yougoslavie

La place occupée par la Yougoslavie parmi les pays à régime socialiste est tout à fait originale. Politiquement, son organisation repose sur la cellule autogestionnaire, structure de base d'un réseau complexe de relations fonctionnant à tous les niveaux de la vie sociale. Sur le plan économique, le système yougoslave que décrit ici Robert Estivals, maître assistant à l'université de Bordeaux, se situe à mi-chemin entre deux tendances qu'il lui faut sans cesse équilibrer, car une économie de marché, sur le modèie libéral, subsiste à l'intérieur de l'univers socialiste. On retrouve cette double tendance dans les problèmes propres à l'édition, qu'il s'agisse de problèmes d'organisation : vie des maisons d'édition, fabrication et distribution du livre, existence de divers instituts bibliologiques, ou des problèmes humains : création littéraire et condition de l'écrivain, fonctionnement d'une censure ou d'une autocensure. On note, d'une façon générale, un adoucissement du rigoureux système de contrôle soviétique, en même temps qu'une politique de concentration où les banques jouent cependant un rôle déterminant. En somme, une synthèse des systèmes libéral et socialiste, avec les avantages et les inconvénients des deux options. Mais à travers les mailles de la décision collective se glisse la possibilité d'une certaine liberté individuelle.Estivals Robert. Le livre en Yougoslavie. In: Communication et langages, n°31, 1976. pp. 68-85