Le téléspectateur et le feuilleton : de la réception comme rituel

Des chercheurs ont proposé d'élaborer un modèle rituel de la communication. Sans reprendre entièrement à son compte ce modèle, l'auteur se propose de comprendre la réception du feuilleton télévisé en la regardant dans sa dimension rituelle, et notamment en explorant les connivences qui se nouent entre la temporalité du programme et la temporalité de son public. Cest d'abord affaire de rythmique : le pacte que le feuilleton passe avec son auditoire porte sur la fourniture d'un "passe-temps" via des "rendez-vous" réguliers. Mais d'autres dimensions sont en cause, en particulier ce sens spécifique de la durée, d'une durée recommencée, liée aux rebondissements des intrigues. Enfin, le feuilleton accompagne le téléspectateur sur des durées parfois très longues : l'espace qu'il met en place va fournir une trame continue de projection à son récepteur. Il prend le temps de faire voyager le téléspectateur en lui-même. Quelque chose du succès d'audience des feuilletons télévisés prend visiblement forme et appui dans une conduite rituelle.Bianchi Jean. Le téléspectateur et le feuilleton : de la réception comme rituel. In: Quaderni, n°9, Hiver 89/90. Série et télévision. pp. 79-86