A propos des miracles de Saint-Médard : les preuves de Carré de Montgeron et le positivisme des Lumières

Les miracles de Saint-Médard décrits par Carré de Montgeron dans sa grande étude "La vérité des miracles opérés à l'intercession de M. de Pâris..." sont situés dans un contexte polémique proche du miracle de la Sainte-Epine, à Port-Royal : dans les deux cas, le miracle est le signe de la protection divine sur une minorité persécutée. Pourtant, l'analyse parallèle de leur typologie fait ressortir, point par point, les oppositions : sur le lieu, l'identité des miraculés, la nature des preuves, l'action même de la relique, l'opération du miracle : entre 1656 et 1731, la théologie cartésienne — et surtout l'influence déterminante de Malebranche — a ramené le miracle dans l'ordre naturel de l'explication. Cette évolution nous permet de comprendre comment le positivisme moderne s'est nourri aux sources mêmes de la pensée théologique post-cartésienne : la sécularisation rationnelle est le produit d'une évolution intérieure à la pensée religieuse.Armogathe Jean-Robert. A propos des miracles de Saint-Médard : les preuves de Carré de Montgeron et le positivisme des Lumières. In: Revue de l'histoire des religions, tome 180, n°2, 1971. pp. 135-160