Comportement, croissance et influences maternelles et génétiques dans l'adaptation de la souris au froid

BEHAVIOR, GROWTH AND MATERNAL AND GENETICAL EFFECTS IN THE COLD ADAPTATION OF MICE Summary. — Long-term adaptation to cold, over two or more generations, has been studied by breeding mice, Mus musculus, domestic and wild, in environments kept near or below 0° C. The changes imposed on females, by the combined action of cold and reproduction, include enlargement of the heart, liver and kidneys, and lengthening of the small intestine. Cold-adaptation of domestic mice results in lower body fat ; bat wild mice have little fat even in a warm environment. At birth, young of cold adapted females have more fat than controls, and at ten days they have more brown adipose tissue. The milk of both wild and domestic mice in a cold environment has a lower concentration of sugars, but higher protein and fat, than that of controls. Effects of breeding wild mice in a cold environment include progressive changes over generations, such as higher growth rates and improved fertility on return to a warm environment. Differences between stocks bred at different temperatures are not only genetical. There are also maternal effects : cross-fostering experiments show the weight of young at three weeks to be influenced by the strain of the foster-grandparents. Hence phenotypic differences reflect the combined actions of genotype, ambient environment and maternal environment. Laboratory experiments provide hypotheses on which to base study of natural populations, but do not predict what will be found in them. Wild mice can evidently adapt to a given harsh environment by adopting one of several alternative « strategies ».Résumé. — L'adaptation au froid, à long terme, sur 2 générations ou plus, a été étudiée par l'élevage de souris, Mus musculus, domestiques et sauvages, maintenues aux environs de zéro degré ou en deçà. Les modifications observées chez les femelles, imposées par l'action combinée du froid et de la reproduction, consistent en une augmentation de taille du cœur, du foie et des reins et en un allongement de l'intestin grêle. L'adaptation au froid, des souris domestiques, est une diminution de la graisse corporelle, mais les souris sauvages ont peu de graisse, même en environnement chaud. A la naissance, les jeunes issus de femelles adaptées au froid ont davantage de graisse que les témoins et, à 10 jours, ils ont plus de tissus adipeux profonds. Le lait des souris sauvages et des souris domestiques, soumises au froid, a une concentration plus basse en glucides, mais contient davantage de lipides et de protéines que celui des témoins. L'élevage des souris sauvages, au froid, provoque des modifications progressives sur plusieurs générations, telles qu'un taux de croissance plus élevé et une fertilité améliorée, au retour en ambiance chaude. Les différences entre les lots élevés à différentes températures ne sont pas uniquement génétiques, elles sont aussi d'origine maternelle. Des expériences de nourriture croisée montrent que le poids des jeunes, à 3 semaines, est influencé par l'impulsion donnée par les grands-parents nourriciers. Ainsi, les différences phénotypiques reflètent l'action combinée du génotype, de l'ambiance du milieu et de l'environnement maternel. Les expériences de laboratoire suggèrent des hypothèses de base pour l'étude de populations naturelles, mais ne peuvent prédire la solution qui sera adoptée par celles-ci. Les souris sauvages peuvent évidemment s'adapter à un environnement rigoureux donné, en adoptant une ou plusieurs alternatives de « stratégie ».Barnett S. A. Comportement, croissance et influences maternelles et génétiques dans l'adaptation de la souris au froid. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XIII° Série. Tome 6 fascicule 2, 1979. pp. 147-160