Crime and social disorder in Stalin's Russia [A reassessment of the Great Retreat and the origins of mass repression]

David R. Shearer, Crime and social disorder in Stalin 's Russia. Historians have traditionally regarded the middle years of the 1930's as a time of stabilization and accomodation. The era of the Great Retreat supposedly followed the revolutionary period of the early 1930's and preceded the sudden onslaught of a second period of state-induced violence in 1937 and 1938. Using police, NKVD, and other reports, this article questions such an interpretive periodization. Far from being an era of stabilization, the middle part of the decad witnessed continued social unrest — not in the form of overt, organized acts of opposition to the regime, but in terms of thousands of small (and often big) acts of disobedience and even violence directed against state property and representatives of Soviet power. The article distinguishes between the political purge process of state and party elites and the mass operations, known as the Great Terror, that began in the summer of 1937. By examining the patterns of crime and policing throughout the decade, this article shows that the so-called Great Terror did not descend on Soviet society suddenly, after a period of relative social peace. The mass operations of 1937 and 1938 are best understood as the culmination of a decade-long, largely failed, attempt to impose Soviet authority on an unruly population.David R. Shearer, La criminalité et le désordre social dans la Russie de Stalin. Traditionnellement les historiens considèrent le milieu des années 30 comme une période de stabilisation et d'adaptation. L'ère de la Grande Retraite aurait suivi la période révolu- tionnaire du début des années 30 et précédé la soudaine vague de violence provoquée par l'État pendant les années 1937 et 1938. À l'aide de rapports de la police, du NKVD et d'autres sources, cet article conteste une telle interprétation basée sur ce découpage par périodes. Loin d'être une ère de stabilisation, le milieu de années 30 connut une agitation sociale constante qui s'exprima non pas par une opposition organisée et déclarée au régime mais par des milliers de petits (et parfois de grands) actes de désobéissance et même de violence dirigés contre la propriété de l'État et les représentants du pouvoir soviétique. L'article fait une distinction entre la politique de purge menée contre les élites de l'État et du parti et les opérations de masse, connues sous le nom de « Grande Terreur » qui débutèrent pendant l'été 1937. Après une analyse du schéma des crimes et des actes de maintien de l'ordre au cours de toute cette décennie, l'article montre que la prétendue Grande Terreur ne s'est pas abattue brusquement sur la société soviétique après une période de paix sociale relative. On comprend mieux les opérations de masse de 1937 et 1938 si on les voit comme le point culminant d'une décennie d'efforts, souvent vains, à imposer l'autorité soviétique sur une population turbulente.Shearer David R. Crime and social disorder in Stalin's Russia [A reassessment of the Great Retreat and the origins of mass repression]. In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants, vol. 39, n°1-2, Janvier-juin 1998. Les années 30 - Nouvelles directions de recherche. pp. 119-148