Le compagnonnage dans les luttes ouvrières au XVIIIe siècle, l'exemple de Bordeaux.

Jean Cavignac, Le compagnonnage dans les luttes ouvrières au XVIIIe siècle : l'exemple de Bordeaux. — Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXXVI (1968), p. 377-411. L'étude du caractère essentiel du compagnonnage, organisation de lutte ouvrière, a été jusqu'ici négligée. L'exemple de Bordeaux au XVIIIie siècle permet une approche du problème : les documents judiciaires sont alors nombreux ; de plus, Bordeaux, une des principales villes-étapes du Tour de France, est une ville en plein essor économique et démographique, qui entraîne l'afflux de travailleurs du bâtiment où le compagnonnage est de règle. Les compagnons sont divisés en plusieurs devoirs qui se livrent une lutte souvent acharnée, mais par son organisation basée sur une stricte discipline et ses méthodes d'action (interdiction de la boutique d'un maître, ou « damnation » d'une ville entière), le compagnonnage fait respecter ses décisions par l'ensemble des travailleurs. Les causes de conflits du travail sont la nourriture et le salaire, mais, bien plus encore, le contrôle de l'embauche dont maîtres et compagnons veulent se réserver le monopole. Ces conflits dépassent les métiers du bâtiment, mais non le cadre de l'artisanat. L'efficacité du compagnonnage est indéniable dans ce secteur. Ses divisions ne sont pas un signe de faiblesse, mais les violences mêmes auxquelles elles donnent lieu sont un signe de vitalité : la disposition permanente au combat que l'on trouve chez les compagnons envers leurs pairs peut à tout moment se tourner contre les donneurs de travail. Les compagnons du bâtiment ont réussi à dicter leur loi aux maîtres, en dépit de l'appui donné à ceux-ci par le Parlement.Cavignac Jean. Le compagnonnage dans les luttes ouvrières au XVIIIe siècle, l'exemple de Bordeaux.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1968, tome 126, livraison 2. pp. 377-411