La guerre d'Irak : la stratégie du faible face à la puissance américaine

The War in Iraq, the Strategy of the Weak in the Face of the American Superpower, by David BARAN The recent conflict in Iraq has produced an uncertain vision of the real unfolding of events and of the Iraqi adversary. The Iraqi resistance was the object of a political and media campaign of disinformation aimed at projecting the image of a rapid war of liberation. The resistance did in reality develop a subtle strategy, constructed around the victimisation of the regime, the conciliation of the population and the organisation of an armed resistance, but which ultimately revealed itself to be inadequate. The extent of the disym-metry between Iraqi and American forces provoked a strong sense of helplessness within the Iraqi population which reinforced its apathy and the incoherence of its reactions: pockets of civilian resistance facecf the American offensive while an ultimate wave of defiance towards the regime provoked its betrayal by the military. Iraq did not believe in victory, while not believing in a "liberation" by saviours either, official déclarations having relentlessly assimilated the conflict to a war for Iraqi oil and against Islam. It is nevertheless on the forces of occupation that tne country is now banking in order to fulfill the hopes of the Iraqi people.Le conflit qui s'est achevé en Irak a laissé une perception trouble de son déroulement réel et de l'adversaire irakien. Objet d'une forte désinformation politico-médiatique de la part des Etats-unis, qui ont accrédité l'image d'une guerre de libération éclair, la résistance irakienne a cependant développé une stratégie subtile (victimisation du régime, conciliation de la population, organisation d'une résistance armée...), mais en définitive inefficace. La dissymétrie des forces a suscité dans la population irakienne un fort sentiment d'impuissance qui est venu renforcer son apathie et l'incohérence de ses réactions : des poches de résistance civile faisaient face à l'offensive américaine tandis qu'une ultime vague de défiance vis-à-vis du régime provoquait la trahison des militaires. L'Irak n'a pas cru à sa victoire, il n'a pas cru non plus à une « libération » salvatrice, tant les déclarations officielles assimilaient le conflit à une guerre pour le pétrole et contre l'islam ; aujourd'hui, il compte pourtant sur les forces d'occupation pour répondre à ses attentes.David Baran. La guerre d'Irak : la stratégie du faible face à la puissance américaine. In: Politique étrangère, n°2 - 2003 - 68ᵉannée. pp. 395-408