Les lettres françaises sous le fascisme. Le culte de la «N.R.F» dans l'entre-deux-guerres face à la francophonie fasciste

Gilbert Bosetti, Les lettres françaises sous le fascisme. Le culte de la «N.R.F.» dans l'entre-deux-guerres face à la francophobie fasciste, p. 383-432. Durant le «ventennio nero», les lettres italiennes sont demeurées ouvertes à la culture européenne, malgré la rhétorique nationaliste des idéologues du régime dictatorial. Malaparte et les «strapaesani» de la revue II Selvaggio déploraient vivement que, pour un certain nombre d'écrivains décadents gidiens ou proustiens, Paris fût la capitale de l'Italie. D'autres s'en prenaient aux solariens et aux «internationalistes de la culture». De fait, dans des revues comme 77 Baretti, Solaria etc. est perceptible un culte de la «N.R.F.» par lequel les dissidents manifestent leur volonté de préserver la liberté de l'esprit. Caractéristique est le retournement de Soffici qui s'est formé dans le Paris d'avant-guerre et a révélé Rimbaud en Italie : dès son ralliement au fascisme, il se livre à une polé- (v. au verso) mique anti-française systématique. À l'inverse le mythe de la «N.R.F. » cesse en 1939 dès que la revue se compromet avec le pétainisme. Dans l'entre-deux-guerres, la francophilie et la francophobie culturelles dessinèrent la ligne de partage entre les fascistes intégristes et ceux qui prirent ainsi leur distance par rapport à la dictature.Bosetti Gilbert. Les lettres françaises sous le fascisme. Le culte de la «N.R.F» dans l'entre-deux-guerres face à la francophonie fasciste. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes, tome 98, n°1. 1986. pp. 383-432