La bourgeoisie italienne entre modernité et tradition : ses rapports avec l'État après l'Unification

Raffaele Romanelli, La bourgeoisie italienne entre modernité et tradition : ses rapports avec l'État après l'Unification, p. 303-323. Pour étudier les caractéristiques d'une «bourgeoisie italienne» au XIXe siècle, il faudrait analyser de près la rencontre des équilibres sociaux traditionnels des différentes régions de la péninsule et des forces innovatrices bourgeoises qui les atteignirent depuis l'extérieur. L'auteur suggère d'étudier, par exemple, les distorsions que subit le «modèle bourgeois » en Italie sous l'effet du rôle particulier de l'État dans les processus de développement. Il souligne ainsi un effet généralement peu étudié de l'intervention de l'État dans les processus d'accumulation : une intervention qui déforme les comportements des classes riches en les détournant des activités d'entrepreneurs, c'est-à-dire en conservant dans les nouvelles classes bourgeoises de nombreux aspects des vieilles classes dominantes, méridionales notamment. Frappée de manière exceptionnelle par le prélèvement fiscal après (v. au verso) l'Unité, la bourgeoisie italienne sera longtemps peu attirée par l'investissement dans des entreprises et préférera les placements dans les titres d'État. Elle donnera une grande importance aux travaux publics et considérera l'emploi dans la bureaucratie d'État comme l'idéal d'un travail sûr.Romanelli Raffaele. La bourgeoisie italienne entre modernité et tradition : ses rapports avec l'État après l'Unification. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes, tome 97, n°1. 1985. pp. 303-323