L'exploitation du hasard

129 pages, figures, 44 références bibliographiquesLa science du hasard - qui fut souvent dénommée "théorie des chances" - n'existe guère que depuis trois cents ans. C'est, pour une science, la prime jeunesse, si on la compare à la vénérable géométrie, qui fit son apparition, sur les bords du Nil, il y a près de quarante siècles. Cultivé d'abord sans souci utilitaire, le calcul des probabilités s'incorpore graduellement à la vie des hommes et des peuples : il s'impose, d'une part, dans tous nos modes de penser et dans notre représentation du monde, comme dans toutes les formes valables de prévision ; et, d'autre part, c'est grâce à lui que nous pouvons accéder à la connaissance des faits collectifs, en nous libérant des évidences trompeuses, des opinions partiales et de la magie des mots. Au même titre que toutes les choses humaines, le hasard s'offre à nous sous un double visage, suivant que nous nous plaçons au point de vue des idées ou au point de vue des actes : l'étude désintéressée du hasard (1) préside à son utilisation pratique. . La « théorie des chances » et la méthode statistique sont deux branches du savoir, qui concernent les grands nombres et se prêtent un mutuel secours. On ne manquera pas de remarquer une identité d'allure entre les résultats des recensements et les diagrammes qui précisent le hasard. Mais on ne s'attendra pas à ce qu'une mise au point familière, allégée de considérations techniques, épuise le sujet, ni en profondeur, ni même en surface. Pour mettre pleinement en lumière les notions de base, nous évoquerons tour à tour la télévision et la Loterie nationale, l'hérédité et les réseaux téléphoniques, les assurances-vie et la répartition des étoiles, la pratique des affaires et les suites de chiffres décimaux... C'est ainsi que, par quelques exemples typiques et importants, choisis dans les domaines les plus disparates, nous brosserons un tableau d'ensemble d'une discipline féconde, qu'il n'est plus permis d'ignorer et dont chacun peut tirer profit, tant pour sa culture générale que pour sa conduite quotidienne, dans les insidieuses complications d'une vie, à laquelle il faut coûte que coûte s'adapter