Suivi et analyse du risque lié à l’utilisation des eaux usées en agriculture dans la région de Meknes au Maroc,

Dans plusieurs régions du Maroc, l’agriculture dépend de l’approvisionnement en eau qui provient souvent des cours d’eau. Dans la région de Meknès, la réutilisation des eaux usées urbaines est une pratique réelle. Elle se fait cependant à partir d’eaux usées rejetées, sans traitement, dans les oueds traversant la ville : oued Boufekrane, oued Bouishak et oued Ouislane. Ainsi, le recours à ces eaux polluées soulève de nombreux problèmes sanitaires et environnementaux. En effet, malgré le fait que ces eaux constituent un potentiel en matières fertilisantes (matières azotées et phosphatées), leurs teneurs en métaux lourds et en certains agents pathogènes, représentent néanmoins des risques de contaminations des sols, des nappes, des végétaux et des risques sanitaires pour l’homme et les animaux. Le présent travail a pour objectif l’étude de la qualité physicochimique, microbiologique et parasitologique des eaux usées brutes et des eaux mixtes (eaux usées brutes mélangées avec les eaux des oueds Ouislane et Bouishak). Les études microbiologiques et parasitologiques que nous avons réalisées au niveau du site d’étude où les maraîchers utilisent exclusivement des eaux usées brutes ou mélangées avec les eaux des oueds ont montré une forte pollution microbiologique des deux cours d’eau, due principalement aux rejets des eaux usées domestiques et industrielles. L’analyse a révélé de fortes concentrations en coliformes totaux, coliformes fécaux, clostriduim sulfitoréducteurs et en œufs d’helminthes, des valeurs qui dépassent les normes microbiologiques de l’OMS, édictées sur l’usage des eaux usées en agriculture. Sur le plan physico-chimique, le dosage de certains paramètres physico- chimiques (matières en suspension, nitrates, chlorures, ortho phosphates,…) démontre des fortes teneurs en matières en suspension le long des stations d’échantillonnage des bassins des deux oueds. Le rejet des eaux usées brutes dans ces oueds ne fait qu’empirer la situation, on note des valeurs de l’ordre de 2800 mg/l à l’aval de l’oued Ouislane. Comparées avec la grille de la qualité des eaux de surface (CNS, 1994), ces eaux correspondent à des eaux de surface de mauvaise à très mauvaise qualité (à 2000 mg/l).Des concentrations assez élevées en azote sont relevées à l’amont des 2 oueds. Cette contamination serait en relation avec l’utilisation des engrais (pour l’activité agricole) et l’activité industrielle. Pour les teneurs en ortho phosphates, les valeurs sont plus importantes à l’aval de l’oued Ouislane. Concernant les valeurs moyennes en chlorures, elles sont approximativement les mêmes au niveau de Ouislane, variant de 319,5 mg/l à 386 mg/l. Par contre, elles sont importantes en comparaison avec l’aval quand il s’agit de l’oued Bouishak., avoisinant 421,5mg/l. Employer l'eau recyclée réduit également les pressions sur l'environnement mais, il y a des facteurs qui doivent être considérés, y compris la présence de microbes pathogènes et de contaminants chimiques, la salinité ainsi que les impacts sur la structure de sol. Dans ce cas, l’épuration des eaux est indispensable pour limiter les impacts potentiels d’une telle activité sur l’environnement et la santé des producteurs