Problématisation polyphonique et conception collaborative : premiers enseignements d'une démarche de recherche interdisciplinaire pour l'autonomie et le bien-être des personnes vulnérabilisées

La présente communication vise à présenter la démarche collaborative, initiée depuis 2010 et rassemblant différents laboratoires du site toulousain : l’IRIT, le LAAS, le CHU, le LISST, le CLLE, OCTOGONE, le LEREPS et l’IDET-COM. Cette communauté de recherche, qui se conçoit comme un milieu innovateur « hybride » (Callon et al. 2001) vise à la conception collaborative de dispositifs socio-techniques assistants pour l’autonomie et le bien-être quotidien de populations vulnérabilisées, en raison du vieillissement, du handicap ou de la maladie. Cette communauté se retrouve autour d'un programme de recherche « FORAVIQ » (FORum collaboratif de conception d’un assistant personnel à l’Autonomie et au maintien des activités sociales dans les espaces de la VIe Quotidienne) qui vise à mettre en œuvre et évaluer une méthodologie collaborative de conception d'objets techniques, assistants de la vie quotidienne et enchâssés dans un système socio-organisationnel complexe. Cette « Méthodologie de l'Objet-Flou » (MOF), fondée sur une démarche de conception centrée-usager, se conçoit comme un processus d'innovation sociale où la définition des utilités assignées à un objet ou à un système d'objets socio-techniques assistants est construite de manière polyphonique, itérative et concertée par une assemblée de personnes concernées (usagers « destinataires », chercheurs académiques, socioprofessionnels), réunies dans un « forum », lieu d'échanges des savoirs et d'acculturation réciproque. La définition du problème à résoudre (Callon, 1988) est donc envisagée à partir de la rencontre des différentes utilités assignées et des différents imaginaires technologiques exprimés par des acteurs de nature différente. Elle repose sur une enquête qualitative approfondie qui permet la mobilisation de diverses expertises (sociologiques, linguistiques, praxéologiques, etc) et qui participe à la construction d'un accord partagé sur les qualifications technologiques et socio-organisationnelles de l'objet. L'objet de notre communication est donc de rendre compte de ce moment particulier de la recherche dans lequel nous nous situons, à partir des premiers retours d'enquête, et d'esquisser les premiers éléments d'une « grammaire » commune, d'un langage commun