Etre étranger à Marseille à l’époque moderne. Les Sollicoffre de Saint-Gall

Le concept d'étranger a été souvent utilisé par rapport à des ensembles sociaux - notamment la ville et la nation comme ensembles des sujets d'un souverain - réputés de façon totale. En réalité l’étranger peut présenter son extranéité par rapport à des déclinations du corps social urbain, mais, au même temps, sa contiguïté par rapport à d’autres corps. Par conséquent, on peut remarquer que les procès d’intégration se réalisent non pas face à des totalités politiques et sociales indistinctes mais à des groups et des corps précis, souvent en tension réciproque. Donc ils sont plongés à l’intérieur des conflits et des dynamiques urbains. De ce point de vue, le cas des Sollicoffre, une famille de marchands suisses, arrivés à Marseille à la fin du XVIe siècle, est, d’un côté emblématique, mais, de l’autre, il se présente plus compliqué compte tenu de leur volonté de se présenter sur la scène urbaine marseillaise comme un autre, ultérieur corps, moyennant une production normative intimement contradictoire, qui favorise les négociants sujets producteurs de commerce actif sans d’ailleurs renoncer à appâter les étrangers en mesure, eux-mêmes, de contribuer au bonheur public de l’état