« Le devenir d’une œuvre « frivole » : remarques sur l’histoire éditoriale et la réception du Temple de Gnide de Montesquieu »

International audienceQu’est-ce que Le Temple de Gnide ? Entre autres choses (mais on s’en tiendra ici à cet aspect), le cas semble-t-il exemplaire de l’œuvre mineure d’un auteur majeur. Cas d’autant plus remarquable, d’ailleurs, que ce texte considéré de manière quasi unanime comme une « bagatelle » a pourtant été l’un des plus grands succès de librairie de Montesquieu, jouissant même d’une fortune considérable au moins jusqu’à la fin du XVIIIe siècle . On tentera donc de mettre à profit cette exemplarité pour poser trois séries de question. Tout d’abord, quelle est la logique du (ou des) discours que produit l’institution littéraire autour du cas à la fois banal et singulier de l’œuvre mineure d’un « Grantécrivain » (pour reprendre le mot forgé par Dominique Noguez) ? Comment rendre compte, ensuite, du processus qui conduit à la catégorisation d'une œuvre comme mineure alors même qu’elle cumule un certain nombre de traits qui permettent d’ordinaire de caractériser une « grande œuvre » (manière de s’interroger sur la pertinence des critères usuellement retenus pour définir le chef-d’œuvre) ? Dans quelle mesure, enfin, le processus de minoration ayant affecté Le Temple de Gnide témoigne-t-il du travail de sélection opéré par l’histoire littéraire dans la production du XVIIIe siècle, sous la forme en particulier d’ un rejet quasi général de l’esthétique rococo