Les attitudes des syndiqués envers l'inflation et le rôle des revendications de salaires

A partir des résultats d'un sondage parmi les syndiqués de Pittsburgh en 1959 , l'analyse cherche à déterminer 1° à quel point la montée des prix préoccupe les syndiqués ; 2° dans quelle mesure ils rendent les syndicats responsables de l'inflation ; 3° si la conviction que les syndicats provoquent l'inflation les dispose à renoncer aux augmentations de salaires. Les résultats révèlent que les syndiqués étaient réellement préoccupés de la montée des prix. Ils croyaient même en majorité que les prix montaient plus vite que les salaires, contrairement à ce que montrent les statistiques. De plus, deux tiers des syndiqués attribuaient au moins partiellement la responsabilité de l'inflation aux syndicats. Les ouvriers de l'acier avaient bien davantage tendance à incriminer leur propre syndicat : presque la moitié d'entre eux croyaient que le syndicat de l'acier (United Steelworkers of America) avait joué un rôle dans l'inflation. Enfin, les syndiqués qui croyaient à la responsabilité des syndicats dans l'inflation, avaient tendance à accepter de renoncer aux augmentations de salaires, particulièrement s'ils incriminaient leur propre syndicat. Les résultats de l'étude justifieraient un nouvel examen de l'idée courante que les syndiqués sont indifférents aux effets des augmentations de salaires sur les prix à la consommation. Ils conduisent aussi à mettre en question la théorie économique selon laquelle les syndiqués revendiquent des augmentations de salaires quand les prix montent. Il est très vraisemblable — et on peut produire des arguments à l'appui de cette affirmation — que les idées exposées dans la presse et les grands moyens d'information tendent à briser la spirale des salaires et des prix en convaincant les travailleurs que les syndicats ont une responsabilité dans l'inflation.Sieber Sam D., Bernard Pierre. Les attitudes des syndiqués envers l'inflation et le rôle des revendications de salaires. In: Sociologie du travail, 6ᵉ année n°4, Octobre-décembre 1964. pp. 394-413