Les Arméniens de Décines. Histoire et mémoire

The Armenians of Décines. History and memory. This article based upon French written sources and Armenian oral sources studies the Décines colony constituted in Lyon and its suburbs in the 20s. In 1926 (... as in 1989) it represented ten per cent of the whole population and it was before the war the first foreign minority in the town (55 per cent of the foreigners in 1936). The first Armenians arrived from 1925 onwards. They were directly recruited from Greece — a temporary haven for those who had escaped from the 1915 genocide — by the Artificial Silk Company of Lyon, which wanted manpower. A close survey of these narratives show that the genocide is the starting point of the Armenian's memory. The subject-matter is what is "told" about it and not the sixty years they have spent in France. A theme study of their lives, in their native country as well as in France, sets forth the disruption between "before" and "after". The life in the native country provides the idéal image of what happened before the genocide whereas life in France provides a more complex image. But if, most often, details can be erased, the balance-sheet of life, the three quarters of which have been spent in France, is felt on the whole as rather positive.Cet article, fondé sur des sources écrites françaises et sur des sources orales arméniennes, étudie la colonie de Décines, constituée au cours des années vingt dans la banlieue lyonnaise. C'est 10 % de la population totale en 1926 (... comme en 1989) et c'est, avant-guerre, la première minorité étrangère de la commune (55 % des étrangers en 1936). C'est à partir de 1925 qu'arrivent les premiers Arméniens. Ils sont recrutés directement en Grèce — lieu d'accueil provisoire d'une partie des rescapés du génocide de 1915 — par la Société lyonnaise de soie artificielle, qui manque de main-d'œuvre. L'analyse des récits montre que le génocide est l'«événement fondateur » de la mémoire des Arméniens. C'est lui qui est «dit », et non les soixante années de leur vie en France. L'étude thématique de leur vie, tant au «pays » qu'en France, met au jour la dichotomie fondamentale entre un «avant » et un «après ». L'image de la vie au pays n'est ainsi que l'idéal d'avant le génocide ; celle de la vie en France est plus complexe. Mais si l'on en gomme le plus souvent les détails, le bilan d'une vie aux trois quarts française est perçu comme un ensemble plutôt positif.Bardakdjian Mireille. Les Arméniens de Décines. Histoire et mémoire. In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°3-4/1989. Migrations, sous la direction de Philippe Videlier. pp. 47-74