Aspects et diffusion de la dévotion du Sacré-Coeur au XVIIIe siècle

Dans les livres de piété, la dévotion du Sacré-Coeur se présente comme le fruit de l’évolution de la spiritualité au XVIIe siècle, centrée sur «le lieu intérieur » de l’homme. S’adressant, dans la personne Christ, à son coeur comme symbole de l’amour divin, elle se présente comme le type idéal de toute dévotion, qui englobe et élimine à la fois tout ce qui l’a précédé. Gravures et tableaux, fêtes et noms des confréries témoignent toutefois d’une plus grande complexité. Les tableaux en particulier figurent avec force une sorte de syncrétisme dans lequel la figuration du Sacré-Coeur s’ajoute à des représentations plus traditionnelles : Trinité, Sainte Famille, Vierge à l’Enfant, autres saints, «peuple » des Vierges de Protection. La «popularité » de la dévotion peut se mesurer à travers les créations des confréries du Sacré-Coeur. Les brefs d’indulgences qui leur sont accordés montrent une diffusion de ces confréries de l’Ouest (France) vers l’Est (Europe centrale) et une forte influence des ordres religieux (Visitandines, Ursulines, Jésuites). Une analyse plus précise du cas français souligne toutefois l’importance du rôle déterminant des évêques, de l’accueil plus ou moins favorable de populations marquées par le protestantisme ou par le gallicanisme ou traditionnellement soumises à l’influence romaine. Entre 1730 et 1750, au moment de la plus grande diffusion des confréries, le petit nombre de créations dans telle région pourrait bien être le révélateur d’un jansénisme diffus.Froeschlé-Chopard Marie-Hélène. Aspects et diffusion de la dévotion du Sacré-Coeur au XVIIIe siècle. In: Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 112, n°2. 2000. Les images de la Grande Guerre en France, Allemagne et Italie. Actes de la table ronde organisée par l’École française de Rome en collaboration avec l’Università di Roma «La Sapienza» et le Deutsches historisches Institut in Rom, 6 et 7 novembre 1998. pp. 737-784