Le collège royal de médecine de Nancy, les apothicaires et l’exercice illicite de la pharmacie en Lorraine par les membres du Clergé pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle

The Royal College of Medicine, the apothecaries and the unlawful pharmaceutical activity of members of clergy, in Lorraine in the second part of the XVIIIth century – Every regular text relative to pharmaceutical activities is very precise about the prohibition of «public » exercise of pharmacy, and generally all medical activity, by members of clergy. However, the examination of archives demonstrates that violations of the law are constant, in spite of judicial procedures and sentences. Secular clergy is certainly very implicated, but its activity of preparation and distribution of drugs seems to be relatively discreet. Oppositely, the members of regular clergy open almost community pharmacies in towns and are competitors with apothecaries. Among them, in Lorraine, the most important are Jesuits and sisters in charge of charity houses and hospitals. Jesuits have no diplomas but their installations are very correctly organized. On the contrary, sisters are often poorly proper in pharmacy and their dispensaries appear to be badly managed with drugs of mediocre quality and poorly stored.Le Collège royal de médecine, les apothicaires et l’exercice illicite de la pharmacie par les membres du Clergé, en Lorraine dans la seconde moitié du XVIIIe siècle – Tous les textes relatifs à l’exercice de la pharmacie en Lorraine : statuts du XVIIe siècle, décisions de l’administration ducale, statuts du Collège royal de médecine de 1752, statuts octroyés par Stanislas en 1764, sont très précis en ce qui concerne l’interdiction d’exercice «public » de la pharmacie, et plus généralement de toute activité médicale, sauf cas particuliers, par les membres du Clergé, qu’il soit séculier ou régulier. Pourtant l’examen des archives montre que les infractions sont constantes, caractérisées et répétées, en dépit des procédures judiciaires et des condamnations. Le clergé séculier est certainement très impliqué, mais son activité illicite de préparation et de distribution de remèdes, souvent secrets, semble s’exercer avec une relative discrétion. À l’opposé, les membres des ordres religieux tiennent quasiment «officine ouverte » et font âprement concurrence aux apothicaires dans beaucoup de villes et de bourgades. Parmi eux, en Lorraine, les plus actifs sont les Jésuites, installés depuis longtemps et protégés par le pouvoir ducal, et les soeurs chargées du service des maisons de charité et de leurs pharmacies. Si les Jésuites, bien que non diplômés, disposent d’apothicaireries riches et bien organisées, il n’en est pas de même des soeurs, généralement peu instruites et dont les pharmacies apparaissent souvent mal gérées, avec des médicaments de mauvaise qualité et/ ou mal conservés.Labrude Pierre. Le collège royal de médecine de Nancy, les apothicaires et l’exercice illicite de la pharmacie en Lorraine par les membres du Clergé pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 96e année, N. 364, 2009. pp. 417-430