Entre historiographie et négation du temps : l’arbre bénédictin de Jean de Stavelot (1432)

À partir du XVe siècle, les ordres religieux élaborent des images auto-représentatives d’arbres «généalogiques » dans le but de réaffirmer leur cohérence organique. Ces représentations se veulent une réponse aux risques d’éclatement suscités par les mouvements d’Observance qui tendent à multiplier les subdivisions à l’intérieur d’une même famille spirituelle. En retravaillant l’une des figures médiévales les plus prégnantes de la parenté, l’Arbre de Jessé, chaque ordre réinvente la figure de son père fondateur sous la forme d’une racine unique dispensant la même sève immuable à une ramure qui se déploie comme un rêve de fertilité. L’enjeu de ces images, destinées à une réception interne, est double : d’une part engager une réflexion sur les relations spirituelles Père/ Fils et d’autre part construire une historiographie qui inscrit l’Ordo entre un temps mythique des origines et une perspective eschatologique. Le phénomène est exposé ici à partir du ms XIX B1 du musée Condé de Chantilly, réalisé par un moine observant de l’abbaye de Saint-Laurent de Liège.Donadieu-Rigaut Dominique. Entre historiographie et négation du temps : l’arbre bénédictin de Jean de Stavelot (1432). In: Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Age, tome 115, n°1. 2003. pp. 341-359