Définition du Genévrier de Phénicie (Juniperus aggr. phoenicea), reconsidéré à ses limites biogéographiques : Méditerranée orientale (Crète et Chypre) et Atlantique (Iles Canaries)

Definition of the Phoenicean juniper (Juniperus aggr. phoenicea ), revisited at its biogeographical limits : Western Mediterranean area (Creta and Cyprus) and Atlantic sea (Canarian islands) This paper contributes to the better understanding of the systematic status of Juniperus aggr. phoenicea L. through comparative phytochemical and morphometric studies. For this purpose, this taxon was sampled in the Mediterranean region, extending from Cyprus and Creta to its occidental limits in the Canarian Islands. Two well-defined taxa : J. phoenicea L. and J. turbinata (Guss.) emend., previously raised to the status of species, are confirmed here. J. phoenicea is devoid of prodelphinidin and contains a larger number of seeds per galbulus as compared to J. turbinata (7-9 vs 4-7). Within the latter taxon, two subspecies are recognized : ssp. turbinata present on the coastal regions but also in the interior lands, and ssp. canariensis (Guyot) Rivas-Martinez et al., endemic of the Canarian Islands. The phytochemical data obtained for Cyprus and Creta (prodelphinidin L.D. = ca 6 mg/g) confirm the negative West-East Mediterranean cline of the absolute prodelphinidin contents ; the same is true for the number of seeds per galbulus which averaged to 4. The Canarian junipers contain lower values for both relative (L.D. = 59 %) and absolute (ca 4 mg/g) prodelphinidin contents and are comparable to those present in the Maghrebian mountains (ca 5 mg/g) ; the Canarian taxon is also distinguishable by its low number of seeds per galbulus (3-4). Within the turbinata subspecies, it is thus possible to distinguish two varieties based on both prodelphinidin contents and the number of the seeds. These are denoted as «occidentalis» and «orientalis» types, respectively originating from the islands and coastal regions of the occidental and oriental part of Mediterranean ; the first type includes a «montana» chemovar from the Maghrebian mountains. The Juniperus phoenicea taxon thus revisited is considered here in its biogeographical, bioclimatic and phytosociological context.Des précisions systématiques sont fournies sur Juniperus aggr. phoenicea L. après étude phytochimique et morphométrique de divers spécimens couvrant depuis Chypre et la Crète, en Méditerranée orientale, jusqu'aux Iles Canaries. On confirme l'existence de deux taxons bien différenciés, élevés au rang d'espèces : J. phoenicea L. et J. turbinata (Guss.) emend. La première est déficiente en prodelphinidine et présente un nombre de graines par galbule supérieur à la seconde (7-9 versus 4-7). Chez cette dernière, deux sous-espèces sont reconnues : ssp. turbinata (présente sur le littoral mais aussi à l'intérieur des terres) et ssp. canariensis (Guyot) Rivas-Martinez et al.. Les nouveaux résultats relatifs à Chypre et à la Crète (prodelphinidine, L.D. = ca. 6 mg/g) confirment le gradient négatif de teneur absolue en prodelphinidine signalé d'ouest en est de la Méditerranée ; il en est de même du nombre de graines par galbule, égal en moyenne à 4 seulement. Les spécimens canariens présentent une plus faible teneur en prodelphidine, relative (L.D.% = 59 %) et absolue (ca. 4 mg/g), à rapprocher de celle précédemment mise en évidence pour les montagnes du Maghreb (ca. 5 mg/g). L'originalité de la sous-espèce canariensis ressort également du nombre significativement faible de graines présentes dans chaque galbule (3 à 4 en moyenne). Au sein de la sous-espèce turbinata, on peut distinguer deux variétés, non seulement par la teneur en prodelphinidine mais aussi par le nombre de graines : «orientalis» (îles et littoral de Méditerranée orientale) et «occidentalis» (îles et littoral de Méditerranée occidentale) ; la seconde comporte un chimiovar particulier : «montana» (montagnes du Maghreb). Le taxon Juniperus phoenicea ainsi reconsidéré est situé dans son contexte biogéographique, bioclimatique et phytosociologique.Definicion de la Sabina mora (Juniperus aggr. phoenicea ), reconsiderada en sus biogeografîcas limites : Mediterraneo oriental (Creta y Chipre) y Atlantico (Islas Canarias) Se realizan unas precisiones sistematicas sobre Juniperus aggr. phoenicea L., fundamentadas en el estudio fitoquimico y mofometrico comparado de diversos especimenes de la region mediterranea -desde Creta y Chipre en el Mediterraneo oriental, hasta las Islas Canarias en su limite occidental -. Se confirma la existencia de dos taxones bien diferenciados, que se reconocen con el rango de especies independientes : J. phoenicea L. y J. turbinata (Guss.) emend. Para la ultima se reconocen dos subspecies : ssp. turbinata (preferentemente del litoral mediterraneo) y ssp. canariensis (Guyot) Rivas-Martinez et al. (endemismo de Canarias). Los datos analiticos de las muestras de Creta y Chipre (L.D.abs. = ca 6 mg/g) confirma el gradiente negativo, ya senalado en estudios anteriores, desde el oeste al este del Mediterraneo. Los especimenes canarios presentan un contenido inferior de prodelfinidina (L.D.% = 59 %, L.D.abs. = ca 4 mg/g), que los relacionan con las muestras estudiadas de las montanas del Maghreb, aunque existen diferencias relativas a datos morfometricos de los galbulos y numéro de semillas (significamente menor : n = 3-4 semillas / galbulo) que avalan la originalidad de la ssp. canariensis. Dentro de la ssp. turbinata se diferencian très razas : «occidental» (litoral e islas del Mediterraneao occidental), «oriental» (Mediterraneo oriental) y «montana» (quimio-raza, montanas del Maghreb). Se aportan datos complementarios de caracter biogeografico, bioclimatico y fitosociologico.Lebreton Philippe, Pérez de Paz Pedro Luiz. Définition du Genévrier de Phénicie (Juniperus aggr. phoenicea), reconsidéré à ses limites biogéographiques : Méditerranée orientale (Crète et Chypre) et Atlantique (Iles Canaries). In: Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 70ᵉ année, n°4, avril 2001. pp. 73-92