Le domaine d’Untel. Toponymie et propriété foncière dans le Proche-Orient romain et protobyzantin

International audienceUne abondante série de textes d'époque romaine et protobyzantine atteste l'existence au Proche-Orient de domaines ruraux et d'agglomérations villageoises dont le nom est issu de celui d'un propriétaire. Dans les années 1980, D. Feissel avait entrepris l'inventaire de ces témoignages. Son étude, centrée sur la Syrie du Nord et sur le problème de l'hellénisation des sociétés rurales, révélait que la majorité des villages de la basse vallée de l'Oronte, entre Antioche et Séleucie, avaient pris, peut-être dès le début de l'ère chrétienne, les noms de grands propriétaires d'origine grecque ou latine. La situation du Massif Calcaire voisin semblait refléter une réalité linguistique et sociale différente : dans cette région montagneuse à cheval entre l'Antiochène orientale et l'Apamène, où l'hellénisation de la toponymie serait restée superficielle, les grands propriétaires aux noms grecs ou latins, sans être totalement absents, n'auraient pas joué un rôle aussi important que dans la plaine d'Antioche, jusqu'à la fin de l'Antiquité. L'enquête mérite aujourd'hui d'être reprise à l'échelle de toute la Syrie, en tirant également parti d'un dépouillement extensif de la documentation textuelle et des progrès récents de l'archéologie des campagnes. Elle permet, d'une part, de poser à frais nouveaux la question de la forme, de l'origine et de l'évolution des domaines désignés par le nom d'un propriétaire sur le territoire des cités du Proche-Orient romain et protobyzantin et, d'autre part, de s'interroger sur la notion de grande propriété