FIAMMETTA ENTRE BOCCACE ET SCÈVE: LA «TRISTE COMPLAINTE» ET «LA DÉPLOURABLE FIN» DE FLAMMETTE

International audienceParmi les personnages féminins fictionnels du Moyen Âge, peu nombreux sont ceux qui se sont proposés aux écrivains avec la disponibilité, la patience et le dévouement qui ont été ceux de Fiammetta pour Boccace. Celui-ci aurait sans doute été surpris et peut-être gêné de savoir qu'un autre auteur a écrit une continuation de l'histoire dont elle était la protagoniste et la narratrice, l'Elegia di Madonna Fiammetta. Mais, on le sait, les personnages litté-raires ne se laissent emprisonner ni par les frontières érigées par les textes, ni par la signature de leurs créateurs (et cela est particulièrement vrai pour le Moyen Âge et la Renaissance). C'est ainsi que sous la plume d'un écrivain espagnol, vers la fin du XV e siècle, Fiammetta, a fait du tort à son créateur en décidant de franchir les frontières de l'Elegia pour nous révéler son destin après la rédaction de son livre. Le Breve trac-tado de Grimalte y Gradissa 1 , qui accueille la créature boccacienne, est l'oeuvre de Juan de Flores, un écrivain castillan dont la vie nous est à peu près inconnue. En Italie, Grimalte y Gradissa est totalement ignoré. D'Espagne, il arrive à Lyon, où Maurice Scève, grand admirateur des femmes de fiction italiennes 2 , le traduit en langue française pour François Juste, où il devient La Déplourable Fin de Flammette 3