Approche physico-chimique et cellulaire de la photosensibilisation des pyrimidines par l'écran solaire PABA

L'acide para-aminobenzoïque (PABA) est l'un des principaux filtres solaires que l'on retrouve dans les crèmes de bronzage commerciales. Toutefois, son rôle de protection antisolaire (UV-B) est basé uniquement sur ses propriétés d'absorption dans la zone d'érythème, c'est-à-dire une approche purement photophysique. Nous nous sommes posés la question suivante: Existe-il différents effets photochimiques au niveau de la cellule en présence de PABA? La littérature mentionne que la présence de PABA cause des dommages importants de l'ADN cellulaire, suite à une irradiation dans la zone spectrale supérieure à 300 nm. Par conséquent, l'étude in vitro de la photosensibilisation des bases de l'ADN, en contact avec le PABA, s'avère donc importante dans l'identification des mécanismes photochimiques impliqués. Grâce à notre modèle physico-chimique, les données expérimentales indiquent la formation de photodimères de thymine, de thymidine et d'uracile, marqués au carbone -14, en solution, en présence de différentes concentrations de PABA que l'on irradie à 313 nm. Les dimères sont identifiés par chromatographie sur couche mince (TLC) et quantifiés à l'aide du comptage à scintillation. La photosensibilisation de la base pyrimidique thymine est dépendante de la concentration de PABA, où l'on retrouve le phénomène de "self-quenching" et de l'état ionique de cet écran solaire. La présence d'oxygène lors de l'irradiation empêche la photosensibilisation de la thymine par le PABA, en agissant comme "quencher" de l'état triplet. Le rendement quantique global de la photosensibilisation de la thymine par le PABA est de 2%. Avec notre modèle cellulaire, nous avons vérifié la survie de fibroblastes de peau humaine (GM38, GM3176) exposés à la lumière proche ultraviolette en présence de PABA. En mesurant la survie des fibroblastes GM3176, déficients au niveau de l'excision des bases pyrimidiques de l'ADN, nous avons obtenu une indication supplémentaire que les dimères provenant de la photosensibilisation par le PABA sont responsables du faible taux de survie