Entre le désir de reconnaissance et l'exigence d'autonomie

L’analyse des rapports entre jeunes et leurs parents ne peut donc se concevoir sans la prise en compte des modes de transmission intergénérationnelle. Dès lors, l’entrée dans la vie adulte, dans sa double composante d’accès à une position sociale et de construction d’une identité pour soi, n’est pas que du seul ressort individuel, même si le système de valeurs éducatives tend à privilégier l’autonomie individuelle. Mais si, pour certains des jeunes, l’orientation du système de valeurs éducatives double ou renforce les opportunités offertes par le patrimoine transmis et par les modalités de sa transmission entre héritiers, pour d’autres par contre, la discordance est réelle entre les valeurs prônées et les moyens accordés : la liberté contrainte peut en devenir profondément troublante. Il n’empêche que, pour les uns et pour les autres, il faut résoudre cette tension nourrie tout à la fois d’un désir de reconnaissance – et de l’affiliation identitaire qu’elle suppose – et d’une exigence d’autonomie – et de la distinction qu’elle suppose. En d’autres termes, la prétention à « être soi » doit composer avec le constat que le patrimoine familial a en grande partie forgé le destin individuel