Le geste philosophique de Whitehead : éléments pour une lecture de Modes of Thought autour du concept de vie

L'objectif de ce travail se déploie en deux temps. Tout d'abord, il s'agit de mettre en évidence l'originalité de la conception de la vie telle que Whitehead la développe dans son dernier ouvrage, 'Modes de pensée' (1938), et de révéler les enjeux que cette conception charrie par rapport aux ouvrages précédents de Whitehead. A cette fin, nous nous penchons sur des thématiques comme la dimension expressive de la vie, la relation entre ordre et nouveauté, le rôle du corps dans une théorie de l'expérience et de la perception. Dans un second temps, nous tentons de montrer que ces transformations conceptuelles relatives au thème de la vie dans l'oeuvre tardive de Whitehead sont indissociables d'une évolution dans la forme employée, c'est-à-dire d'un changement dans le type de discursivité utilisé. Plus précisément, nous tâchons de dégager la cohésion forte qui se noue entre les concepts et leur mise en oeuvre au fil du texte, de telle sorte que nous y découvrons l'auteur mettre ses thèses à l'épreuve de sa propre pensée. Cet objectif procède de l'idée qu'une pensée de l'individuation ne peut, pour garantir sa cohérence, être séparée d'un autre mouvement, qui est l'individuation de la pensée. En d'autres termes, la pensée whiteheadienne, qui place au centre de sa démarche les notions de processus et d'avancée créatrice, ne s'en tient pas à un discours programmatique mais se rend aussi capable d'intégrer les conséquences de cette démarche dans sa propre évolution, quel que soit le prix que ces remises en question impliquent vis-à-vis de sa pensée. Ainsi, nous espérons dégager une méthode permettant d'évaluer le cheminement philosophique de Whitehead dans ses dernières années d'écriture