Forms and forces. Abstract reading of architectures through related disciplinary fields.

This research starts from a lack of conceptualisation, in the architectural field, around the notion of non-figuration. Postmodern Movement’s ideological opposition to Modern Architecture and its ascetic aesthetic led to the promotion of signs and images. This prevents a reading of Modern Architecture around notions such as openness, opacity linked to non-figuration as defined by Umberto Eco in his essay Opera Operta. U. Eco’s literary analysis finds a relevant synthesis in G. Deleuze’s work who develops three approaches of non-figuration in pictural art : abstract art (P. Mondrian), figural art (F. Bacon) and informal art (J. Pollock). These categories represent a specific way of exceeding figuration and forms in favour of the forces on the canvas. The thesis aims at evaluating the applicability of these categories to Modern Architecture. The study of three architectural theorists - R. Venturi, C. Norberg-Schulz and C. Rowe - allows us to clarify non-figuration in architecture. This leads to point two specific constraints: functionality and presence that involve architecture in a figurative field. The thesis than articulates architecture’s specific restrictions to non-figuration with G. Deleuze’s aesthetic and philosophy. The analysis of P. Eisenman, L.I. Kahn, Le Corbusier and Mies van der Rohe’s buildings show progressively the necessity to enrich architecture with irrationality, a way of exceeding figurative content. Finally, the thesis discusses the theoretical issues of this approach and examines the possibility to analyse architectural history with non-figurative concepts developed in this research. These kinds of processes, freed of their stylistic content, allow, for example, Modern Architecture and Baroque to get closer. This work also establishes the possibility to develop similar processes of analysis between the different artistic fields (painting, literature, architecture) with same results.Cette recherche est définie à partir d’un manque, dans le champ spécifique de l’architecture, décelé autour de la notion de non-figuration associée au dépassement des formes par les forces, engageant le sujet dans une relation de proximité inédite à l’objet. L’opposition idéologique à l’architecture moderne qui caractérisa de façon générale l’ère postmoderne mena les théoriciens de l’architecture à la valorisation de la signification et des images qu’elle suscite. Au lieu de développer, sur une voie plus soutenable, le mouvement libératoire cher à la Modernité, ils opérèrent une démarche inverse en établissant une critique généralisée de l’autoréférentialité: l’architecture doit représenter, elle doit fournir des signes et des images accessibles à tous. Ceci empêcha toute lecture appropriée de l’architecture moderne autour des notions d’ouverture, d’ambiguïté, d’opacité et de non-figuration telles qu’abordées par Umberto Eco dans l’ouvrage Opera Operta. L’analyse de U. Eco développée dans le domaine de la littérature trouve, à notre sens, une synthèse pertinente dans la compréhension picturale de la non-figuration telle qu’analysée par Gilles Deleuze dans Le Pli, Mille-Plateaux et Logique de la sensation. G. Deleuze y développe trois approches non-figuratives : l’art abstrait associé à Piet Mondrian, l’art figural associé à Francis Bacon et l’art informel associé à Jackson Pollock. G. Deleuze s’appuie sur ces trois catégories pour montrer l’importance de dépasser la représentation, c’est-à-dire toute forme de codage qui fige l’œuvre au détriment de la présentation des forces qui la travaillent. Notre objectif est de vérifier l’applicabilité de ces catégories à l’architecture, en analysant diverses œuvres modernes qui, plus que d’autres courants architecturaux, ont abordé la non-figuration. Le défi majeur de notre étude est dès lors d’articuler les concepts esthético-philosophiques de G. Deleuze avec les contraintes spécifiques du cadre architectural. La question est donc de savoir ce que sous-entend, en architecture, la non-figuration associée aux notions d’ambiguïté et d’ouverture. L’étude préalable de trois théoriciens de l’architecture - R. Venturi, C. Norberg-Schulz et C. Rowe - ayant chacun traité ces questions nous permet de cerner progressivement l’objet de notre étude et les contraintes spécifiques afférentes. Au terme de cette première partie, la non-figuration généralement associée à l’ascétisme vis-à-vis des signes et des symboles se voit réduite à un problème de présence physique auquel s’est ajoutée la fonctionnalité. Au contraire des autres arts, l’architecture doit répondre aux besoins des individus qu’elle abrite, ce qui l’empêche de se dégager comme fait esthétique autonome. En seconde partie, notre analyse des catégories deleuziennes s’articule autour de ces deux notions - présence et fonction - et des moyens pour les dépasser. La recherche de G. Deleuze porte précisément sur ce double dépassement de la fonction et de la présence. D’une part, la fonction est comprise comme une limitation en tant qu’elle organise et restreint la liberté des individus : s’équivalant au codage, celle-ci doit nécessairement être dépassée. D’autre part, il ne suffit pas pour G. Deleuze de dépasser la figure et de rendre la chose proche, présente pour elle-même, encore faut-il rendre ce dépassement sensible, obliger la rencontre du sujet à l’objet qui n’est plus fusion signifiante (phénoménologie), mais confrontation irrationnelle, hystérie de la présence. L’analyse d’oeuvres de P. Eisenman, L.I. Kahn, Le Corbusier en relation avec ces catégories nous permet de montrer progressivement l’importance de l’irrationalité en architecture qui atteint sont apogée dans l’oeuvre de Mies van der Rohe, moment où l’architecture se définissant par un minimum de forme abandonne son contenu aux caprices de la lumière. Par une analyse dégagée de la figuration au profit des processus de formation des formes, l’étude met ainsi en évidence l’existence de parallélismes entre diverses disciplines, elle confirme la pertinence d’une analyse de l’architecture par le biais de champs disciplinaires connexes (peinture, littérature, philosophie). Elle se conclut par la possibilité d’élargir le champ d’étude de ce travail en faisant une analyse de l’histoire de l’architecture via des processus opératoires. Une telle analyse nous permet ainsi de conclure à l’existence de liens conceptuels entre des architectures aussi éloignées stylistiquement que la Modernité et le Baroque