Le développement au rythme de l'âne

Déjà, dans des temps très anciens, les commerçants utilisaient des ânes pour transporter les noix de cola depuis les côtes de l'Afrique de l'Ouest ou encore le sel gemme du nord de l'Afrique vers le sud. Aujourd'hui encore, les ânes continuent d'occuper une place très importante en matière de transport en milieu rural. Photos à l'appui, Keffing Sissoko, agro-économiste, nous conte lui-même le rôle économique de l'âne dans le transport dans la zone de l'Office du Niger de Niono, au Mali. Les « pousse-pousse », comme on les appelle communément, connaissent leurs heures de gloire les jours de marché. De taille plus réduite que les charrettes normales, ils se faufilent mieux entre les étals très encombrés. Le prix du transport dépend de la distance a parcourir et du volume des produits à transporter. Le prix humain reste lui souvent lourd surtout lorsqu'il s'agit de parcourir de longues distances avec d'importants chargements. C'est pourquoi au Mali, dès que les paysans peuvent se payer un âne, ils lui font tirer la charrette. Les jours de marché, hommes, femmes, enfants, tout le monde essaye de trouver sa place au milieu du riz, mil, salades ou tomates, sacs d'engrais, poulets ficelés. Les ânes sont aussi utilisés à d'autres fins les jours ordinaires. Ils peuvent transporter les aliments du bétail (paille de riz, fanes de niébé), le bois de chauffe ou le bois d'oeuvre, la terre, le sable, les briques, les pierres pour construction des maisons. C'est un animal réputé pour sa douceur. Les femmes et les enfants parviennent à le manipuler sans difficulté. Devant des poids trop lourds, il peut être appelé à manifester une certaine mauvaise grâce, histoire de rappeler que même un âne a des limites à ne pas dépasser. Les paysans ont tout intérêt à le ménager ; quasiment aucun d'entre eux n'a les moyens d'acheter une voiture ou un tracteur, pas plus que d'entretenir de tels engins. Quant aux moyens de transport en commun, ils restent chers et rares, sinon inexistants pour beaucoup de villages. Même inconfortable, la charrette reste bien plus sûre !Les paysans ont choisi d'aller lentement mais sûrement dans leur marche pour le développement au rythme de l'âne tractant la charrette. Keffing Sissoko - Chef du projet production soudano-sahélienne - B.P. 22 - Niono – MALIDéjà, dans des temps très anciens, les commerçants utilisaient des ânes pour transporter les noix de cola depuis les côtes de l'Afrique de l'Ouest ou encore le sel gemme du nord de l'Afrique vers le sud. Aujourd'hui encore, les ânes..