Accroître la production en réduisant l'érosion: l'exemple kenyan

L'érosion est l'une des causes les plus fréquentes du déclin de la fertilité des sols et de la productivité dans les pays ACP, mais les agriculteurs répugnent souvent à prendre des mesures pour la combattre à cause de l'importance du travail à fournir. Une exception notable est celle des agriculteurs du district de Machakos, au Kenya. Dès 1948, les agriculteurs de ce district ont adopté la culture en terrasses, lorsque d'anciens soldats de l'armée britannique décidèrent d'imiter certaines techniques mises au point en Inde. Processus laborieux certes, puisqu'il impose de remonter le sol déblayé, mais avantages incontestables : les sois en terrasses ne sont plus emportés par les intempéries, d'où une efficacité accrue de la fertilisation et une meilleurerétention de l'eau. Les agriculteurs de Machakos ont observé que la fertilisation et la culture en terrasses sont les deux meilleurs moyens de maintenir et même, d'améliorer la productivité des sols. En dépit d'une pluviométrie relativement faible, ils peuvent vendre à Nairobi le produit de leurs cultures vivrières et maraîchères. Le district de Machakos a longtemps souffert de sécheresse et de disette. Dans les années 30, des rapports alarmants faisaient état de l'érosion des pâturages et des terres arables. Entre 1942 et 1962, le district a connu quatorze années de disette. Une première tentative pour combattre l'érosion et pour conserver l'humidité a consisté à rendre obligatoire le creusement de fossés suivant les courbes de niveau. Il s'agit d'une forme de culture en terrasses, à base étroite dans laquelle les terres s'accumulent au pied des collines. Mais cette initiative a échoué : manque de motivation et même parfois résistance des agriculteurs à la culture en courbes de niveaux. Vingt ans plus tard, lorsque les agriculteurs ont pris conscience du parti qu'ils pouvaient tirer de la culture en terrasses, les efforts consentis ont littéralement transformé leur communauté. Dès 1978, la plupart des terres arables des zones déjà peuplées depuis longtemps avaient été converties en terrasses. Cependant, la croissance de la population a vite poussé les agriculteurs manquant de ressources à s'implanter dans de nouvelles zones. L'Agence suédoise pour le développement international (SIDA : Swedish International Development Agency), le programme de développement intégré de Machakos (MIDI? : Machakos Integrated Development Agency), soutenu par la Communauté européenne, et le diocèse catholique ont aidé ces agriculteurs en leur fournissant des outils et, pour les chefs de file, une formation. En 1990, la plupart des terres qui en avaient besoin avaient été converties en terrasses. Cette aventure est narrée en détail dans un ouvrage intitulé More people, Iess erosion: environmental recovery in Kenya, de M. Tiffen, M. Mortimore et F. Gichuki, édité par Wiley, à Chichester, Royaume-Uni.L'érosion est l'une des causes les plus fréquentes du déclin de la fertilité des sols et de la productivité dans les pays ACP, mais les agriculteurs répugnent souven