Arbres et agricultures multi étagées d’Afrique

Les arbres ont de tout temps fait partie des paysages agraires. Pourtant, et particulièrement depuis quelques décennies, les grands équilibres écologiques ont été rompus, l’arbre est en voie de disparition. C’est pour tenter d » ‘apaiser cette relation dévastatrice entre l’homme et l’arbre » que ce livre a été écrit. Dans une première partie, les auteurs analysent ces relations, souvent très complexes. Partant de l’analyse du paysage, ils adoptent une démarche globale : il est en effet impossible d’aborder la gestion technique des arbres (conservation, plantation, usage, etc.) sans tenir compte des multiples facteurs humains (culturels, sociaux, politiques, et surtout fonciers) en présence. Ainsi un arbre spontané appartiendra en général à la communauté, alors que les droits sur un arbre planté reviennent au planteur, même si ce dernier n’est pas propriétaire de la terre. Résultat : on interdit souvent à un exploitant non propriétaire de planter des arbres de peur qu’il ne s’approprie la parcelle ! Les rapports de pouvoir, souvent au bénéfice des villes, engendrent également une exploitation minière et destructrice des forêts. Pour les auteurs, il n’est pas de politique possible de gestion de l’arbre sans une concertation avec tous les acteurs impliqués, et en premier lieu les habitants des terroirs. L’agriculture multi étagée, décrite dans la seconde partie, est l’une des voies de réconciliation entre l’homme et la nature. Les différents étages (physique, chronologique, écologique, fonctionnel mais aussi économique) sont autant de « tiroirs exploités au rythme des besoins domestiques et des circonstances économiques ». Et la productivité de telles associations, dont les complémentarités et concurrences sont expliquées à l’aide de schémas détaillés, est bien souvent supérieure à celle d’une plantation mono spécifique. Encore faut-il utiliser les bons critères pour la mesurer : gains financiers, certes, mais aussi sécurité alimentaire et diversité nutritionnelle (énergie, protéines, graisses). Les auteurs soulignent de plus la vocation sociale de tels systèmes : grande diversité des travaux répartis sur l’année (d’où un emploi constant de main-d’oeuvre), contrôle endogène des techniques de production, production vivrière locale et donc majeure indépendance politique. Enfin, et ceci est fondamental pour le long terme, le bilan écologique sur le milieu est positif : meilleure utilisation de l’eau et de l’ensoleillement, rétention de l’eau accrue, diminution de l’érosion éolienne et hydrique, renouvellement de la biomasse, l’agriculture multi étagée est bien une agriculture « durable ». Les auteurs proposent diverses voies de transition vers de tels systèmes, dont celle de la jachère améliorée : flore enrichie par des espèces fertilisantes, cultures d’engrais verts, sarclage sélectif, protection contre les feux et méthodes de défrichage « douces » au moment de la mise en culture (feux sélectifs, maintien des souches et des haies, etc.). Ce plaidoyer pour l’arbre et l’agriculture multi étagée est aussi, on l’aura compris, un cri d’alarme lancé aux décideurs : sans actions rapides, la désertification ne peut que s’accentuer, entraînant avec elle une paupérisation croissante. Arbres et agricultures multi étagées dAfrique Hugues Dupriez et Philippe de Leener, 1993, 280 p.- CTA/Terres et Vie Terres et Vie - 13 rue Laurent Delvaux B 1400 Nivelles - BELGIQUE L’Harmattan - 7 rue de l’Ecole Polytechnique F 75005 Paris - FRANCE CTA - Postbus 380 - 6700 AJ Wageningen PAYS-BASLes arbres ont de tout temps fait partie des paysages agraires. Pourtant, et particulièrement depuis quelques décennies, les grands équilibres écologiques ont été rompus, l’arbre est en voie de disparition. C’est pour tenter d » ‘apaiser..