Le paludisme, un fléau qui se soigne mais ne se guérit pas

CHAPEAU Le paludisme est la maladie la plus répandue en Afrique et tue près de 2 millions de personnes chaque année, un coût inestimable en termes humains et en terme de production agricole. Il n’y a pas un africain qui n’a pas souffert de paludisme à un moment ou à un autre : ça fait partie de la vie tout comme les moustiques qui la propagent ! Pourtant l’endémie au lieu d’être simplement contenue pourrait se soigner, si seulement les agriculteurs en avaient les moyens. Des témoignages venant du Cameroun et du Sénégal. DURÉE DE LA BANDE 4’22 Nono Jean Paul Actuellement je ne pars pas au champ à cause de paludisme qui m’empêche de marcher. Et çà m’a gêné depuis trois mois. Je suis incapable d’effectuer les travaux, à part les enfants qui peuvent m’aider de leur façon mais pas comme si c’est moi, si je les accompagnais pour leur dire : « Fais comme çà, fais comme cela ». Nforgang Au niveau de vos plantations, quand vous n’y allez pas il y a certainement une baisse de la production ? Nono Jean Paul Ouuh… grandement, une baisse totale. Dans une plantation que je cueillais 30 sacs, cette année-ci, j’ai eu combien ? j’ai eu 18. Studio Nono Jean Paul est planteur de café dans l’ouest du Cameroun et comme il l’affirme au micro de Charles N’forgang, le paludisme a donc grandement affecté sa productivité. Mais c’est un cercle vicieux car si la production baisse, les revenus baissent d’autant, donc les agriculteurs ont de moins en moins de ressources pour acheter des médicaments efficaces et sûrs qui peuvent leur permettre de guérir le paludisme et non pas seulement de le soulager. La plupart doivent donc se contenter des médicaments de la rue, ce qu’on appelle au Cameroun « aller au poteau ». C’est ce qu’explique le docteur Petieu Charles, médecin du centre de Santé de N’dongué dans l’Ouest du Cameroun. Dr Petieu C’est une maladie qui nécessite au moins un examen, qui est la goutte épaisse et une goutte épaisse ici à l’hôpital de Ndoungué coûte 500 Fcfa. Après la goutte épaisse nous pouvons faire un soin qui s’élève à 5000 Fcfa, c’est à dire traiter le paludisme plus des fortifiants et puis des anti-pyrétiques. Donc le coût s’élèverait à environ 5000 à 6000 Fcfa. Ils n’ont pas assez de revenus : le café, les plantations sont abandonnés, dont ils n’ont aucun revenu. Vraiment dire à un planteur de se traiter à 5000 francs pour un coup de palu, c’est vraiment cher pour lui. Donc c’est pour cela qu’ils sont obligés d’aller au poteau. Ce n’est même pas aller vers les herbes, c’est aller au poteau parce que quand vous allez au poteau le gars vous compose quelques comprimés moyennant 1000 Fcfa, 800 F, bon, et ça vous soulage, ça coupe la fièvre qui vous secoue mais ça ne traite pas la maladie. Donc avec leur pouvoir très bas d’achat aujourd’hui ils ne peuvent pas se soigner Studio A défaut de soigner la maladie, un bon moyen de lutter contre le paludisme c’est de lutter contre le vecteur de la maladie, á savoir bien sûr le moustique anophèle. Pour cela les moustiquaires imprégnées sont très efficaces. Au Sénégal, les autorités ont lancé un programme national de promotion de ces moustiquaires comme l’explique au micro de Jean Baptiste Sané, Monsieur Abdoulaye Traoré, responsable du centre de santé de Poponguine, à une centaine de kilomètres de Dakar Traoré La moustiquaire imprégnée c’est une moustiquaire où on a mis quand même un produit chimique qu’on appelle le D6, la Cahotrine. C’est un produit qui est toxique et qui, quand le moustique sent l’odeur de cette Cahotrine, meurt sur le champ ou en contact avec cette moustiquaire. Sané Et si vous avez à faire à une population démunie, sans ressources ? Traoré Aujourd’hui quand même il y a une politique au niveau national qui veut que quand même chaque district achète les moustiquaires imprégnées au niveau de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement à un prix, à un tarif qui a été communiqué à tout le monde et les prix de revente au niveau du district ont été fixés aussi. Si je ne me trompe, il y a petit modèle et grand modèle comme 3250 Fcfa pour le petit modèle et 4250 Fcfa pour le grand modèle. Mais avant quand même il faut dire que il y avait eu, soit c’était des dons ou bien des moustiquaires qu’on avait, que nous imprégnions nous mêmes et que nous vendions à la population. Mais il faut dire que quand même, les cas démunis, c’est pas toujours facile de prendre tout le monde en charge et c’est un problème qui reste encore parce que il y a des gens qui ne peuvent pas encore et qui demandent en tous cas de faire un rabais sur les moustiquaires parce que ils pensent que 3250 Fcfa ou bien 4250 Fcfa c’est encore cher. Et nous essayons vraiment, avec les partenaires, de trouver vraiment, un moyen de financement pour vraiment subventionner ces moustiquaires là.Le paludisme est la maladie la plus répandue en Afrique et tue près de 2 millions de personnes chaque année, un coût inestimable en termes humains et en terme de production agricole. Il n’y a pas un africain qui n’a pas souffert de paludisme à