La trypanosomose continue ses ravages chez l’animal et chez l’homme

La trypanosomose continue à faire des ravages chez l’animal et chez l’homme CHAPEAU : La trypanosomose, maladie du bétail est aussi une des principales zoonoses. C’est une maladie parasitaire causée par le trypanosome, qui comporte deux formes : Trypanosome gambiense, en Afrique de l'Ouest, et Trypanosome rhodiense en Afrique de l'Est. Ce parasite est lui-même transmis à l'homme par une mouche, la glossine ou mouche tsétsé qui cause la maladie du sommeil, endémique en Afrique. Il est possible de lutter contre la maladie au moyen de trypanocides, en s'attaquant à la glossine même ou, s'agissant des animaux, en choisissant des races présentant un certain degré de trypanotolérance. Les trypanocides sont le principal moyen utilisé pour lutter contre la trypanosomose animale mais comme la maladie affecte donc le bétail et l’homme a des conséquences économiques très graves. Le Docteur Issa Tamboura, coordinateur de l’UCLT, l’unité Centrale de Lutte contre les Trypanosomoses a Bobo Dioulasso au Burkina Faso explique au micro de Crepin Hilaire Dadjo, les manifestations de la maladie DURÉE DE LA BANDE : 6’40 Tamboura La maladie se reconnaît essentiellement par un certain nombre de signes qui sont assez caractéristiques. D’abord on peut constater que l’animal a des larmoiements. Il y a aussi du jetage donc le nez qui coule, les muqueuses sont généralement pales, assez claires et il faut de la diarrhée et il y a les ganglions qui grossissent et il y a souvent des avortements qui sont constatés dans les élevages. Il y a aussi parfois des formations au niveau des articulations. Dadjo Mais quelles sont les recommandations que vous faites quand un éleveur voit ces premiers signes advenir dans son troupeau ? Tamboura Lorsque l’éleveur constate la maladie dans son troupeau, la première des recommandations que nous faisons c’est de faire appel au vétérinaire pour traiter les animaux. Il est vrai que l’idéal serait que le vétérinaire, qu’ils soient du public ou du privé, dispose de suffisamment d’équipement pour pouvoir poser un diagnostic précis avant de faire le traitement mais compte tenu des capacités et de nos moyens limités, le mieux au moins, dés qu’il y a une forte présomption, c’est de faire appel à un spécialiste pour le traitement des animaux pour éviter … Ce que nous vivons actuellement malheureusement c’est la création des souches chimio-résistantes, donc des choses qui résistent aux trypanocides actuels. Dadjo Qu’est ce qu’il faut faire puisque il y a de la résistance ? Tamboura Une des premières recommandations que nous faisons actuellement c’est vraiment d’aller à la lutte contre les vecteurs parce que tant que le vecteur sera là, la maladie va persister et si vraiment les trypanocides ne sont plus efficaces, il faut nécessairement éliminer les vecteurs pour faire disparaître la maladie. Dadjo Mais concrètement comment est ce que vous luttez contre ces vecteurs là sur le terrain ? Tamboura Il y a tout d’abord ce que nous appelons les techniques chimiques et les techniques non chimiques. Parmi les techniques chimiques, il y a tout d’abord l’utilisation des écrans et des pièges imprégnés d’insecticides. Il y a le traitement des animaux avec les traitements qui peuvent également tuer les animaux, qui ont cet avantage d’être d’application pratique et depuis l’apparition des médicaments de synthèse, nous avons constaté qu’on a des produits qui sont très efficaces contre les mouches et les tiques qui constituent aussi des gros problèmes dans ces zones humides et qui sont vraiment d’application pratique et qui ne sont pas du tout nocifs pour les mammifères. Dadjo Il y a eu une expérience de glossine stérilisée qui a eu du succès. Est-ce que vous pouvez nous parler de cette expérience là au Burkina Faso ? Tamboura Effectivement au Burkina Faso, une expérience de lutte intégrée, en faisant appel a la technique du lâcher stérile, a été utilisée dans la zone pastorale de Sezadougou, donc c’est là une zone qui est un petit peu située en bas de la falaise de Banfora donc c’est 3500 Kms carrés. Ça s’est passé de 1982 a 1984 et elle a consisté d’abord à faire l’inventaire des espèces de glossines dans la zone pour savoir quel était l’ennemi à qui on avait à faire face. Ça a permis de dresser une carte de répartition des mouches tsé-tsé sur tout le réseau hydrographique, en tous cas dans la zone. Pendant la saison sèche, on a mis en place des écrans imprégnés d’insecticide. Bon sans oublier qu’au préalable on avait isolé la zone grâce à des barrières pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’infestations et donc pendant la saison sèche les écrans ont permis de réduire la population de glossines sauvages à un taux assez acceptable puisqu’on était arrivé à un taux de plus de 80% de réduction, sinon 90% et pendant l’hivernage donc, nous avons procédé au lâcher des mâles stérilisés dans les zones où il y avait les plus fortes populations de glossines et ça a marché. Vraiment en fin d’expérience, il n’y avait plus de glossines dans la zone. Dadjo Bon je rappelle que là ça s’est passé entre 82 et 84. Alors est-ce qu’il possible de reproduire cette expérience là ? Tamboura Oui au stade actuel, nous somme en train de vouloir mener une expérience de lutte de grande envergure au plan national qui fera effectivement appel à cette technique là. Dadjo Docteur Tamboura, je rappelle que vous êtes le coordinateur de l’Unité Centrale de Lutte contre les Trypanosomoses donc l’UCLT et au Burkina Faso, il existe un programme similaire qui porte du reste le même nom au Mali. Alors quelle est la relation que vous avez avec le Mali pour lutter contre les maladies, les trypanosomoses ? Tamboura Nous sommes partis du constat que la trypanosomose, en tous cas les glossines sont des mouches qui ignorent les frontières, ce qui nécessitent donc une certaine constatation, une certaine coordination des activités si on veut vraiment faire face à la maladie. L’Unité de Lutte sert dans le bassin fluvial et au Mali et au Burkina c’est la même technique et on partira de la limite de réparation des mouches pour la mise en place des barrières mais il y a aura une certaine coordination des activités. Dadjo Bon là nous sommes à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina. C’est aussi le siège du CIRDES qui est une institution spécialisée quand même dans la maladie, enfin dans la lutte contre la mouche tsé-tsé, alors quelles sont les interactions entre l’UCLT au Burkina Faso et le CIRDES ? Est-ce que vous vous voyez souvent ? Tamboura Il y a beaucoup d’échanges d’expériences et d’informations entre le CIRDES et l’UCLT, par exemple au point de vue enquêtes, les enquêtes que nous faisons… Les résultats de la recherche justement profitent justement à toutes les unités nationales dont l’UCLT. Par exemple dans le cadre de l’opération de lutte contre les mouches tsé-tsé au niveau du Burkina, dans le cadre de l’UCLT, nous faisons beaucoup appel aux techniques qui ont été mises en place et éprouvées par le CIRDES. J’ai parlé par exemple des écrans imprégnés d’insecticides, les traitements des animaux et les lâchers de mâles stériles. Dadjo Pour résumer notre entretien, Docteur Issa Tamboura, est-ce que la maladie du sommeil donc pour les animaux, est-ce que c’est une fatalité pour le Burkina qui est quand même un pays de renommée… enfin on le connaît comme étant un pays d’élevage quand même ? Tamboura Ce qui est sûr actuellement, la maladie du sommeil constitue un gros problème pour le Burkina parce qu comme je vous le disais au début, il y a une forte descente des animaux du nord vers le sud donc qui sont trypano-sensibles et qu’il faut traiter. De plus en plus pour faire face au déficit des produits laitiers, nous assistons à une importation des animaux producteurs, à haute potentialité de production laitière qu’on importe au niveau du Burkina et qui sont des animaux très sensibles, d’où la nécessité vraiment de faire face à la maladie pour pouvoir réduire un tout petit peu ce déficit et cette fuite de devises que nous avons avec l’achat des produits laitiers. Et je crois que ça fait partie des programmes prioritaires du Ministère actuellement