Quelle priorité pour les stratégies

Depuis plus de vingt ans, la communauté internationale s'efforce de résoudre les problèmes d'alimentation des pays en développement et d'aider ces derniers à parvenir à l'autosuffisance. Dans cette optique, faut-il privilégier la production alimentaire et la recherche agronomique dans les zones plus favorisées qui devront faire face à la croissance rapide des populations urbaines du Tiers-Monde ou bien faire porter les efforts sur les agriculteurs et les systèmes agricoles démunis des régions où l'exode rural chasse les paysans vers un avenir de pauvreté, de criminalité et de famine . Les solutions qui semblent s'imposer à première vue ne sont pas nécessairement les meilleures ou les plus durables et il faut commencer par accorder plus d'attention aux facteurs socio-économiques et socioculturels. Au cours des vingt dernières années, de nombreux pays ont atteint le stade de l'autosuffisance certains sont maintenant exportateurs de denrées alimentaires, d'autres ont considérablement augmenté leur production agricole et alimentaire. Cette victoire est due, en majeure partie, à la «révolution verte», qui est une des réussites les plus marquantes de l'aide au développement depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Toutefois, ces progrès n'ont pas été universels et tous les groupes de la population n'ont pas bénéficié des améliorations qu'ils ont entraînées. C'est notamment le cas des fermiers des pays d'Afrique les plus pauvres, qui pratiquent une agriculture de subsistance. Cette situation est due, entre autres, à la politique menée par les fondateurs du GCRAI qui, lors de la création des premiers centres de recherche internationaux, désiraient à tout prix augmenter la production agricole des pays en développement. Selon eux, le meilleur moyen d'atteindre cet objectif consistait à concentrer les efforts de recherche sur les cultures à rendement élevé des régions fertiles, bien arrosées et disposant d'une infrastructure solide pour l'approvisionnement en engrais et en pesticides. Aujourd'hui, le rythme de croissance démographique permet de calculer que le Tiers-Monde comptera 6 651 millions d'habitants en 2025 contre 3 528 millions actuellement. Il est donc compréhensible que de nombreux chercheurs et décideurs poussent encore la communauté internationale à privilégier la production alimentaire et la recherche dans les zones qui sont le plus susceptibles de parvenir à nourrir cette nombreuse population. II s trouvent d'ailleurs un appui chez ceux qui pensent que la protection des ressources naturelles n'est pas favorisée par la recherche d'une production accrue et durable. Toutefois, une politique de recherche ne peut pas reposer uniquement sur l'augmentation de la production alimentaire. La majeure partie des denrées alimentaires consommées dans les pays en développement sont produites par les paysans pauvres et les petites exploitations, ce qui procure un revenu à une large part de la population rurale. SI ces paysans ne peuvent plus assurer un niveau de vie correct à leur famille, ils seront contraints de quitter la campagne pour la ville et cet exode aura des conséquences dramatiques. Ce désastre pourrait être évité si l'on disposait de techniques adaptées permettant d'améliorer les conditions économiques et culturels dans les régions pauvres et défavorisées, d'accroître la production et les ventes sur les marchés nationaux et internationaux et, partant, d'augmenter le pouvoir d'achat, de créer des emplois et de contribuer au développement d'industries des secteurs secondaire et tertiaire. Deux tendances, se réclamant d'écoles opposées, s'affrontent donc sur le terrain de la recherche agronomique internationale. A mon avis, le développement de techniques destinées aux régions et pays les moins favorisés doit être placé au premier rang des priorités. Cela implique qu'il faut accorder aux aspects socioéconomiques et socioculturels entrant dans la conception de nouvelles stratégies pour la recherche agronomique la place qu'ils méritent. Dans ce contexte, il convient de tenir compte des problèmes de transport et d'autres problèmes techniques, ainsi que des aspects financiers. En effet, à quoi sert de produire des surplus dans une région si, par manque d'infrastructures, ils ne peuvent pas être acheminés vers des régions voisines plus défavorisées, comme c'est souvent le cas en Afrique ou ailleurs? A présent, la principale difficulté n'est pas de savoir comment produire des quantités suffisantes, car la production alimentaire actuelle pourrait permettre de nourrir convenablement toute la population du globe, mais plutôt de parvenir, grâce à la recherche agronomique internationale, à une production agricole adéquate sur le plan qualitatif comme sur le plan quantitatif dans chaque région. Une Incidence sociale déterminante Cela entraînerait l'amélioration des conditions de vie dans les zones rurales, la création d'emplois et de petites industries et éviterait le dépérissement de régions entières. La mise en oeuvre de cette politique ne donnera peut-être pas des résultats aussi spectaculaires que ceux de la «révolution verte» des années soixante-dix et quatre-vingts, mais ils auront certainement une incidence déterminante sur la situation sociale des pays en développement et ils permettront à la production agricole de se développer de manière durable et sans danger pour l'écologie.Depuis plus de vingt ans, la communauté internationale s'efforce de résoudre les problèmes d'alimentation des pays en développement et d'aider ces derniers à parvenir à l'autosuffisance. Dans cette optique, faut-il privilégier la production..