Le bois de construction en Grèce du IVe au IIe siècle avant Jésus-Christ. Quelques considérations d’ordre économique

International audienceDans les comptes de construction des sanctuaires de Delphes, d’Épidaure et de Délos, quelque 250 versements concernent la fourniture, le transport et la mise en œuvre du bois sur des chantiers d’édifices sacrés, comme les temples, ou de bâtiments plus modestes, comme des maisons et des ateliers. Le sapin et le chêne étaient les essences les plus communément utilisées, mais plusieurs autres, tel le cyprès, sont aussi mentionnées. Si les commanditaires n’hésitent pas à se fournir au loin pour des bois rares et réputés, ils privilégient les ressources locales et régionales. La lenteur et le coût du transport, qui doivent cependant être relativisés, l’expliquent en partie ; on peut évoquer aussi le poids des habitudes des constructeurs dans un monde où l’information sur les matériaux ne circulait probablement pas beaucoup et le fait que les sanctuaires exploitaient peut-être directement ou indirectement des forêts qui leur appartenaient. Les manières de désigner les bois dans les comptes suggèrent qu’ils étaient vendus souvent sous une forme assez travaillée pour qu’ils soient mis en œuvre sans de longues opérations de préparation et au moins en partie selon une longueur standard.Les maîtres d’ouvrage des édifices sacrés et publics paraissent ainsi entrer sur un marché du bois préexistant, ce que pourrait aussi laisser penser l’analyse des prix de tous les matériaux de construction. Les commanditaires faisaient face à des difficultés d’approvisionnement : ils devaient s’adresser à une multitude de petits vendeurs, qui ne pouvaient fournir en général que quelques pièces, et ils constituaient des stocks. Les artisans qui mettaient en œuvre le bois possèdaient des savoir-faire spécifiques reconnus financièrement. Les ébénistes se distinguaient des charpentiers-menuisiers : ils étaient proportionnellement mieux rémunérés et semblent avoir été plus souvent des spécialistes venus d’autres cités. Sans doute moins nombreux que les seconds, ils avaient plus d’arguments dans la négociation du prix de leur travail, car la mise en concurrence qu’impliquaitl’adjudication, procédé de répartition des lots largement majoritaire sur ces grands chantiers, ne pouvait guère entraîner de baisse de prix significative