Foisonnement, vacuité et archaïsme ? Les thèses dans le cursus universitaire en France au XVIIIe siècle

International audienceIn the France of the ancien régime, the theses presented by students to conclude their studies at various academic levels covered the entire university cursus, starting from the baccalaureate: courses in medicine and law numbered at least four and theology eight. The theses were not works of original research but rather stereotypical treatises of certain areas of learning relating to individual disciplines. The written theses are today preserved on folios containing positions defended during candidates' oral examinations, in which they were asked to respond, over the course of several hours, to counter-arguments made by both the examination panel and other students according to oral examination procedures of the Middle Ages. This form of discussion, above all for doctorate degrees, assumed a formal nature and was structured as an authentic rite of corporate integration and social screening. Such characteristics led to the procedure being discredited from the mid eighteenth century and its disappearance during the Revolution. Followers of the Enlightenment preferred traditional examination practices, criticizing the practice in use in that it did not enable an accurate assessment of candidates' skills or contribute to the progress of the sciences.Sous l’Ancien Régime, le cursus universitaire est marqué en France par les multiples thèses que doivent soutenir les étudiants qui aspirent aux différents degrés, souvent dès le baccalauréat : au moins quatre thèses sont présentées en médecine et en droit, huit en théologie. Ces thèses ne correspondent pas à des travaux de recherche originaux mais plutôt à une présentation stéréotypée des connaissances admises dans une discipline. La partie écrite conservée est réduite à un placard in folio, qui résume les positions défendues, et la difficulté de l’exercice réside dans la performance orale du candidat qui doit répondre pendant plusieurs heures aux objections du jury ou des autres étudiants, sur le modèle de la dispute médiévale. Ces soutenances, en particulier pour l’obtention du doctorat, ont un caractère largement formel et font figure de rite d’intégration corporatif et de filtre social. Ces caractéristiques conduisent à une disqualification de l’exercice dès le milieu du XVIIIe siècle : avant sa disparition sous la Révolution, les hommes des Lumières lui reprochent de ne pas évaluer de manière pertinente les compétences des candidats (ils lui préfèrent l’examen) et de ne pas contribuer au progrès des sciences