Expertise et apprentissage du jugement perceptif de la sévérité d'une dysphonie

International audienceLa méthode la plus courante pour évaluer le degré de dysphonie d'un patient est le jugement perceptif sur l'échelle G(RBAS), qui consiste à porter son attention sur la qualité vocale du locuteur et à attribuer une note entre 0 (voix normale) et 3 (voix très dégradée). Ce type d'évaluation s'apparente à un processus de catégorisation qui nécessite d'être capable d'associer dans une même catégorie des productions vocales similaires mais aussi d'être capable de distinguer des productions vocales de deux catégories différentes. Une étude précédente (Ghio et al., 2011) nous avait permis de montrer qu'il était possible d'apprendre, par des auditeurs naïfs, à catégoriser la sévérité d'une dysphonie à l'aide d'un procédé de type stimulus-réponse-feedback. L'amélioration des performances portaient essentiellement pour les grades G2 et G3. Aucune amélioration n'était observée pour le grade G0 pour qui la performance de départ était déjà très bonne, ni pour grade G1 qui semblait donc être le plus résistant à un apprentissage. La suite de cette étude a consisté à comparer les performances obtenues par ce jury « naïf » après apprentissage (38 auditeurs) à celle d'un jury d'experts (14 auditeurs). Les résultats montrent que les « experts » ont des performances analogues au jury « naïf » avant apprentissage, avec notamment des faiblesses dans le jugement des grades G1 et G2. Leurs résultats sont moins bons que le jury « naïf » après apprentissage qui finalement, permet de « calibrer » correctement la catégorisation. Ces résultats illustrent ainsi l'ambigüité de la notion d'expertise et la fragilité de l'évaluation perceptive