Les irlandais dans la guerre d'Espagne : réactions insulaires à une crise majeure des années 1930 dans la construction identitaire de l'Irlande indépendante

This dissertation attempts to analyse the diverse reactions in Ireland to the Spanish Civil War, which had a lasting influence on the island's political climate. Faced with the initial unanimous backing of Franco by much of the Catholic Church and the Free State political scene, various anti-Treaty left-wing republicans such as Peadar O'Donnell, Michael O'Flanagan and Frank Ryan went beyond the scepticism of parts of Fianna Fáil and the Irish Times and organised military and humanitarian support for the Spanish Republic. After the embarrassing return of Eoin O'Duffy's small pro-Franco brigade, the population lost interest in « green fascism » and De Valera's government concentrated on establishing the neutrality of the country, a fundamental aspect of Irish foreign policy for decades afterwards. In Spain, the 300-odd Irish international brigaders fought in most of the main battles until 1938, and have become the focus of a sustained effort in local historical memory despite initially being forced into exile.Ce mémoire tente d'analyser les participations et réactions diverses de l'Irlande face à la guerre d'Espagne, une guerre lointaine mais qui influença le débat politique de l'île. Aux côtés de l'unanimité initiale pro-Franco des principaux acteurs politiques de l'État Libre et de l'Église, la résistance de quelques dissidents républicains ou socialistes (Peadar O'Donnell, Michael O'Flanagan, Frank Ryan...) côtoie le scepticisme grandissant d'une partie de Fianna Fáil et d'un Irish Times moins enclin au nationalisme. Suite à la démobilisation rapide et ignominieuse de la Brigade pro-Franco d'Eoin O'Duffy, la population se désintéressa rapidement de la guerre et du « fascisme vert », tandis que le gouvernement s'appliquait à construire la politique de neutralité militaire qui s'érigea en fondement de sa politique étrangère pour les décennies à venir. De leur côté, les 300 irlandais des Brigades Internationales furent de toutes les batailles, et bien que souvent contraints à l'exil après la guerre, font aujourd'hui l'objet d'une abondante mémoire historique