001-308

Lundi, ce 23 d�oct. Avant hier il y a eu une assembl�e des Etats de Hollande un peu bruiante, et qui pourroit avoir de grandes suites. Le Prince d�Orange y a parl� avec force pour la premiere fois de sa vie, et il n�avoit pas t�rt. Voici le fait. Les Anglois ont pris un Mr. Laurens, ci devant president du Congres americain, avec ses papiers. Vous s�avez qu�il a �t� men� � Londres, o� il est mis � la Tour. On l�a interrog�, on a examin� ses papiers, et on y a trouv� un trait� ou une convention entre les Etats americains et la ville d�Amsterdam. Les uns disent que ce trait� a �t� effectivement legalis� par le magistrat de cette ville, les autres qu�il n�est pas sign� que par Mr. Van Berkel, Pensionnaire d�Amsterdam, au nom du magistrat. Quoiqu�il en soit, la Cour d�Angleterre a envoi� comme de raison une copie de cette pi��e et de plusieurs autres � Leurs Hautes Puissances avec des plaintes am�res et fort justes � ce qu�il me semble. L.H.P. ont envoi� ces pi��es aux Etats de Hollande, qui les a address�es avant hier � la ville d�Amsterdam avec ordre de donner des eclaircissements. On attend avec inpatience l�issue de cette inportante affaire. Si Van Berkel a �t� assez hardi pour compromettre sa ville � un poinct si extraordinaire (ce que je ne s�aurois croire), il est perdu. | Si Amsterdam justifie son Pensionnaire et avoue le fait, quelle sera la fin de nos troubles? Et supposons qu�enfin nous soions oblig�s � une guerre quelconque, comment pourra-t-elle reussir tandis que les fureurs de la discorde vont se joindre encore aux desordres qui sont naturels � ce gouvernement. Vous s�avez, ma Diotime, que Van der Borch a pleinement reussi � Li�ge, nous avons les pi�ces en main. J�ai fait connoissance avec le Marquis de Llano. Il m�a fait deux visites. Ma ch�re Diotime, je voudrois pouvoir vous raconter ici � quelle occasion il m�est venu voir, de quelle fa�on cela m�a amus�, et ce que j�ai appris � cette occasion, mais cela est impossible. Peut-�tre le ferai je dans une autre lettre, o� je n�aurai pas besoin de me servir de noms. On avoit racont� que Hereria avoit subi la cure, etoit aveugle, et vendoit tout son bien pour se retirer. Il n�y a pas un mot de vrai, � ce que Llano m�a dit. Adieu, ma toute ch�re Diotime, je ne vaux rien pour ecrire. J�ai beaucoup d�occupations encore avant l�aurore de demain. Je baise les tr�ces de vos pieds, ma Diotime, et j�embrasse mon Apollon et ma chere Diane. Sokrates Dites moi si vous �tes encore en commerce avec Charles Larrey, et si vous n�avez aucune lettre de Chion. Mes tr�s humbles respects ou plust�t mille amiti�s � Mr. de Furstenberg. Le Prince est parti avant hier matin.