001-252

voir la foule qui se presente pour s�engager sur la flotte. Si cela prend le m�me tour � Rotterdam et en Frise, on croit que les 52 vaisseaux du moins seront bien-t�t equip�. On asseure qu�il y a des vaisseaux dans la fl�tte royale d�Angleterre o� on est oblig� de donner les ordres en hollandois, ce qui me paroit un inconvenient horrible dans une action de mer, � moins que ce ne soient des Hollandois qui commandent. Par nos derniers avis de Londres la Cour paroit s�adoucir beaucoup � notre egard, quoique l�aspect de leurs affaires en Europe, et meme en Amerique, devient de jour en jour plus favorable. Je vous supplie, ma ch�re Diotime, lorsque vous m�ecrivez, de me dire en trois mots seulement si vous gagnez, si vos affaires sont desesper�es, or si vous vous flattez encore avec quelque fondement, sans quoi je languis ordinairement 14 � 15 heures, car eux ils ne sont pas si press�s � me communiquer leurs nouvelles que moi � leur dire ce que je s�ai. J�ai encore d� remettre � vous envoier votre beurre � cause de la chaleur. Aussi t�t que le temps se remet je vous enverrai deux petits tonneaux avec des livres. Pour la montre je vous l�enverrai samedi ou dimanche au plus tard par la voie d�Amsterdam, que je crois | la plus seure et la plus courte. Pourtant, si Mad. Vogt part mardi comme son mari m�a dit, je l�en chargerai car ce moien sera encore plus court et plus seur. J�ai ici un Comte de Sarsfield. Il est Fran�ois mais de famille irlandoise, jacobite. Il ne ressemble � rien moins qu�� un Fran�ois. Il a soixante ans pass�. Il a beaucoup vu, beaucoup appris, et beaucoup reflechi. Il paroit s�affectionner � moi et je crois que nous nous conviendrons. Il va examiner toutes nos provinces et apres je compte qu�il passera ici tout l�hyver. Adieu, ma toute ch�re Diotime, je suis honn�ttement occup� maintenant et je sens que toute occupation n�est pas egalement agreable. User sa t�te pour reparer les fautes des autres qu�on leur a predit vingt fois, c�est un metier plus chretien que doux. Adieu, ma ch�re amie, embrassez vos admirables enfants pour moi, et veuillez offrir mes voeux et mes respects au Grand Homme. Sokrates Pourriez vous croire, ma ch�re Diotime, qu�il n�y que six jours que j�ai lu pour la premiere fois de ma vie les v�rs qui nous restent d�Aristote. C�est un petit hymne sur la mort d�un roi d�Atarne, son parent et son ami. Ces v�rs sont tellement de lui, qu�on l�auroit mis � mort