LE DILEMME DU PRATICIEN / APPRENANT / CHERCHEURUNE PROBLEMATIQUE METHODOLOGIQUE, EPISTEMOLOGIQUE ET ETHIQUE

International audienceSe former à la pratique sociale de recherche est une réelle démarche d’apprentissage qui, dans une perspective constructiviste, oblige l’apprenant à penser et à travailler avec/sur/pour/par/contre soi et les acteurs sociaux surtout si ceux-ci partagent avec le chercheur le même terrain, les mêmes problématiques professionnelles, les mêmes expériences. Dans quelles mesures ces pratiques sociales sont-elles porteuses d’apprentissage ? Dans une perspective d’apprentissage formel et informel, existe-t-il des dispositifs de formation à la recherche, des conditions pédagogiques spécifiques qui peuvent s’adresser à des praticiens/apprenants/chercheurs ? Dans le flux bien souvent invisible et indicible des pratiques et des apprentissages, quelles sont les données pertinentes ? Comment s’en saisir, les recueillir, les catégoriser, les analyser, les interpréter et offrir un cadre d'intelligibilité cohérent ? Cette contribution est structurée en trois parties avec dans un premier temps les rapports qui existent entre pratiques sociales et apprentissages dans un processus de recherche : apprentissage formel, informel, non formel, d'expérience, autoformation. Plusieurs étapes sont considérées comme autant de moments de la recherche mobilisant pour chacun d’eux des apprentissages spécifiques : choix de l’objet de recherche, délimitation d’un cadre théorique et d’hypothèses de recherche, choix méthodologiques, enquête empirique et éthique, acquisition de savoirs, d’un savoir-faire et d’un savoir-être… Dans un second temps, il sera question du processus de transformation du praticien réflexif en praticien chercheur. Il s’agit d’expliquer comment l’acteur social engagé dans son institution se saisit dans des espaces d’apprentissage du dilemme classique praticien/apprenant/chercheur et de la nécessaire prise de distance réflexive et critique de ses perspectives et schèmes de sens, du discours scientifique, institutionnel, des acteurs sociaux par la juxtaposition des points de vue dans une perspective pluridisciplinaire. Le troisième temps abordera la question légitime de la valorisation et de la restitution des résultats aux organisations récipiendaires et à leurs capacités à gérer les nouvelles connaissances produites. Les réflexions épistémologiques participent de l’apprentissage, même s’il est complexe de conscientiser et d’objectiver les conditions de la subjectivité. La posture de praticien/apprenant/chercheur est à la fois complémentaire et antagoniste et interroge sur "l'implexité" du chercheur. La question du rapport entre l’éthique et l’épistémologie dans des pratiques sociales de recherche et du lien avec l'apprentissage devient alors centrale. L’objectif de cette communication n'est pas de relater une expérience vécue mais de montrer qu’une recherche peut participer à l’apprentissage transformateur et émancipatoire de l’acteur social/praticien réflexif en apprenant/chercheur si dans sa pratique de recherche, le chercheur a une réflexion critique sur ses cadres de pensée et ses expériences, opère une mise en doute des sources diverses d’influence et conjugue ses efforts d’apprentissage formel, informel et non formel sur l’acquisition et l’amélioration de sa compréhension, sur le développement de sa propre épistémologie et de son éthique, et agit dans une réflexion dans et sur l’action. Cette position initiale, inconfortable, de praticien-chercheur se révèle féconde pour le développement d'apprentissages et de connaissances sur/pour/par/contre soi, les acteurs sociaux, l'institution, le système, dans une éducation tout au long de la vie